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Critique de horline


Il y a des journaux posthumes qui ont le mérite d'exhumer des auteurs méconnus et de susciter le désir de découvrir leurs oeuvres. La quatrième de couverture de « Saute le temps » en fait assurément partie en esquissant les traits d'une personnalité qui pourrait apparaître excentrique ou taciturne.
Mais en se laissant glisser entre les lignes, on retient le refus du conformisme de cet auteur oublié, Roger Rudigoz, revendiqué comme une forme d'ascèse. Au coeur des années soixante, en pleine guerre d'Algérie, l'auteur parisien nous fait partager des instants insignifiants qui, rassemblés, dessinent le portrait d'un homme plein de contradictions, tiraillé entre tendresse nostalgique et aspirations « révolutionnaires ». Car oui c'est un homme qui a toujours refusé de s'accorder à la mollesse ambiante.

On découvre une vie qui s'écoule entre souvenirs proustiens surgissant de la mémoire avec un nouvel éclat et petites guerres du quotidien qui permettent à l'auteur de fustiger les travers du confort bourgeois. du Président de Gaulle aux tendres amoureux croisés dans la rue, l'auteur promène un regard qui décline avec humour aussi bien un humanisme allègre qu'une misanthropie portée comme un étendard. Certes, c'est son histoire qu'il raconte mais il ravive aussi un certain romantisme, une nostalgie pour le commencement et les émotions nées de la redécouverte des choses simples.
Pas de phrase ronde et caressante, la prose s'épanouit dans un style tranchant comme une lame de rasoir. L'auteur ne s'embarrasse pas avec le souci de séduire, il décrit son quotidien avec un réalisme mordant.

Roger Rudigoz fait partie de ces rares auteurs qui rappellent que la littérature peut être un acte de résistance face à l'inertie de la masse.
On se laisse séduire par cette volonté de cultiver avec panache un certain goût pour la liberté, la désinvolture, l'irrévérence et cela s'avère rafraichissant.
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