Le tyrannie absorbante des études ne laisse pas de place à l'éducation, et l'enfant n'est pas, comme en Orient, élevé dans la déférence envers ses parents, ses éducateurs et tous ceux qui ont sur lui le privilège de l'âge, de l'expérience et du savoir. On néglige de lui inculquer le respect de la vieillesse et l'on ne s'occupe pas assez de lui faire observer ses devoirs religieux. On lui surcharge la mémoire des dates et des événements de l'histoire de l'Eglise, et l'on ne pense pas à ouvrir son cœur aux vérités de la morale et de la religion. (...) On devrait étudier un peu plus les Saintes Écritures et passer moins de temps à méditer la métaphysique de la force et de la matière. (...) Sans vouloir juger d'une manière absolue l'enseignement européen, ce que je ne saurais faire, j'exprime simplement ici mon impression personnelle et je me demande si l'on a le droit d'imposer de force la science à un peuple.
Je me permettrai toutefois une observation à la philanthropie européenne. Il me semble qu'il serait plus humain et plus opportun d'envoyer à Zanzibar des femmes médecins que d'inonder l'île de ces alcools pernicieux qui tuent les corps après avoir tué l'intelligence. La corruption devra-t-elle toujours précéder la civilisation ? Il y a là un vaste champ où l'amour du prochain tant prêché par le christianisme aurait de quoi s'exercer fructueusement et l'entreprise n'offre pas tant de difficultés.
Là se bornaient nos études. Jamais on n'explique ce qu'on lit et ce qu'on apprend, ce qui fait qu'il y a tout au plus un mahométan sur mille qui comprenne et puisse interpréter toutes les pensées et les préceptes des Saintes Écritures, alors que beaucoup les ont appris par cœur. D'ailleurs, chercher à comprendre l'esprit des Saintes Écritures est tenu pour irréligieux et rigoureusement défendu. L'homme doit croire aveuglément ce qu'on lui enseigne.