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Critique de michelangelo


La Salamandre, c'est cette quarantenaire prénommée Catherine qui, à force de travail et d'abnégation, s'est créé un univers sécurisant mais totalement vide de sens. Lorsqu'elle part au Brésil pour ses premières vacances, elle va tomber sous le charme de la torpeur équatoriale, appréhender la misère et la flamboyance d'un pays immense aux mille paradoxes.
Dans cet environnement déstabilisant, elle va tomber amoureuse d'un jeune voyou des favelas trop beau pour être honnête, Gilberto. A force de se heurter à ses contradictions et de s'évertuer à vivre une relation amoureuse plus fantasmée que réelle, Catherine va sombrer doucement dans un mirage trop présent où, telle la salamandre de la croyance populaire, elle ira se lover dans le feu ardent qui va la consumer.
Ce court roman est comme une gifle assénée au lecteur. le début paraît banal, cette Catherine, parisienne en mal de liberté, peine à accrocher l'intérêt. Sa solitude accaparante et sa condition de femme assez passive reléguée à sa seule féminité saccagée sous le joug d'un amant impitoyable semblent dessiner les contours d'un roman qui décline sans imagination une relation amoureuse sous le soleil brésilien.
Puis, au fil des pages, sa lente descente aux enfers parvient à émouvoir, d'autant que la langue de Rufin est belle, ciselée et délicate. Il égrène une petite musique douce et lancinante, parfois tonitruante avec les effets de samba tantôt limpide comme une cascade virevoltante, mais toujours rythmée par le ressac de ce grand océan qui vient mourir sur les plages paradisiaques.
Le paroxysme de cette chute est comme un point d'orgue diabolique et touchant qui nous laisse pantois et révolté. Pantois parce qu'on ne comprend pas que Catherine se condamne par amour d'un bellâtre ridicule et révolté parce qu'on se dit qu'il n'est pas possible qu'une telle situation sois réelle dans un Brésil certes impitoyable mais au demeurant si beau et attirant.
Ce roman dormait depuis quelques années dans ma bibliothèque, et c'est après avoir lu et apprécié le dernier Rufin (Le tour du monde du roi Zibeline) que j'ai exhumé cet ouvrage. Quelle belle rencontre se fut ! Qu'il est réjouissant de trouver, au bénéfice d'un hasard (un livre qui vous attire irrésistiblement sur un présentoir), un auteur aussi talentueux alors que, peut-être un peu blasé après quelques décennies de lectures gourmandes jusqu'à l'indigestion, on imaginait une telle découverte impossible ! Seule la lecture peut procurer de tels bonheurs égoïstes parce que tellement personnels…

Michelangelo 9/01/2019

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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