AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Jean-Daniel


Très énigmatique, un rien caricatural, le titre annonce la couleur, celle d'un récit de voyages et d'aventures. Le roman de Jean-Christophe Rufin, le Tour du monde du roi Zibeline, est basé sur l'histoire réelle et singulière d'un aventurier, d'origine à la fois autrichienne, polonaise et hongroise, qui a parcouru le monde au XVIIIème siècle.

Né en 1741 en Hongrie, il eut un destin surprenant, voyageur, aventurier, écrivain, il fut élu roi de Madagascar par les chefs de tribus locales. Tour à tour soldat autrichien, officier polonais, colonel français puis roi de Madagascar, il fut parmi les premiers européens à naviguer autour du monde.

Né dans un lugubre château des Carpates, Auguste Beniowski a la chance d'avoir comme précepteur un esprit éclairé des Lumières, un Français du nom de Bachelet. Durant son enfance il est initié, par son précepteur, à la pensée de Diderot, Rousseau et Voltaire. Très tôt il s'engage pour défendre l'indépendance de la Pologne contre les Russes. Fait prisonnier, il est exilé au fin fond de la Sibérie, où il vit une histoire d'amour avec la fille du gouverneur du Kamchatka. Il s'évade avec elle et rejoint la France où on lui confie la mission de rallier Madagascar. Sa fougue et sa passion le font devenir roi de Madagascar, ce qui est mal vu en France. L'affaire tournant mal, il est contraint d'émigrer en Angleterre puis en Amérique. Il cherche toutefois à rassembler des fonds pour retourner à Madagascar et se décide à écrire ses mémoires : Les Mémoires et Voyages du comte Maurice Auguste Beniowski.

Cette vie aux multiples péripéties et retournements a passionné Jean-Claude Rufin, au point de nous offrir une version romancée où le héros est présenté sous un jour plus favorable que ce que nous enseigne l'Histoire. Imaginant une rencontre entre Benjamin Franklin et Beniowki, il retrace son parcours dans un style rappelant souvent le charme des Mille et une nuits. Aux côtés de son « homme », Aphanie, femme libre pour l'époque et amoureuse, conte sa version du périple, ce qui procure un duo pittoresque avec une version masculine et une variante féminine. Cette intéressante alternance de voix permet de raconter cette histoire à travers différentes sensibilités.

Jean-Christophe Rufin a l'art d'éveiller une curiosité qui persiste tout au long du roman en utilisant avec adresse le réel et l'imagination. Excellent conteur, son écriture est toujours élégante et séduisante et l'esprit des lumières est présent tout au long du roman. Cet ouvrage où se mêlent récit historique, roman d'aventure, et un zest de philosophie, devrait inciter les plus exigeants à suivre les pas de ces deux intrépides voyageurs.

"C'est un personnage solaire. C'est quelqu'un qui est marqué par deux influences, d'une part, celle de la philosophie française des Lumières et de l'autre, celle de la guerre, de la force, du combat. C'est un personnage plein d'énergie, plein de vie mais aussi plein de fraternité qui va essayer d'accueillir le monde, de le transformer, grâce à cette énergie avec laquelle il entraîne aussi le lecteur." souligne Jean-Christophe Ruffin.

Petite note concernant l'ouvrage écrit par Auguste Beniowki (source du livre de Rufin) :
Les mémoires de cet aventurier, écrites en français avec verve et imagination, constituent un récit insolite des découvertes géographiques qui ont marqué la seconde moitié du XVIIIe siècle et un témoignage rare sur la rude rivalité que se livraient les grandes puissances maritimes de l'époque pour la conquête des terres riches en trésors de toutes sortes.

Remarque historique :
Page 291, Jean-Christophe Rufin écrit que "Bernard de Clairvaux a fondé l'abbaye de Cîteaux", erreur que beaucoup de personnes font…
Né en 1090 à Fontaines-les Dijon, Bernard entre à l'abbaye de Citeaux, fondée en 1098 au sud de Dijon par Robert de Molesme. Bernard, en 1115, est l'un des fondateurs de l'abbaye de Clairvaux, près de Bar-sur-Aube.

Commenter  J’apprécie          361



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}