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Critique de motspourmots


L'année dernière nous avions fait connaissance avec le héros récurrent créé par Jean-Christophe Rufin à l'occasion du premier épisode de ses aventures, le suspendu de Conackry. Et c'est un vrai plaisir de retrouver Aurel Timescu, Consul de France, dans son nouveau poste. Après la Guinée, direction le Mozambique et sa capitale, Maputo. de toute façon, Aurel n'est pas tout à fait maître de ses affectations. Dans les milieux de la diplomatie, on essaye d'éviter de se voir attribuer ce collaborateur précédé d'une désastreuse réputation d'inefficacité. Il faut dire qu'Aurel fait de son mieux pour l'entretenir en prenant bien soin de ne surtout pas s'impliquer dans son travail. Un petit côté Bartleby, sans aucun doute. A Maputo, le jeune Consul général était encore trop novice pour avoir entendu parler d'Aurel et les ressources humaines en ont profité pour le nommer, ni vu ni connu. Comme d'habitude, une seule chose est capable de transformer cet agent de mauvaise volonté en un redoutable limier : une enquête policière.

Pour Aurel, la mort suspecte d'un ressortissant français est donc synonyme de grande excitation. Pour autant, la représentation consulaire n'est pas non plus censée élucider des meurtres alors il faut faire preuve de finesse et d'intelligence pour naviguer entre les forces de police et la justice locale. Cette fois, le propriétaire d'une résidence hôtelière, le vieux Béliot est retrouvé mort dans sa piscine et son ex-femme, Françoise est rapidement soupçonnée (des histoires d'argent, forcément) et emprisonnée. Chargé de l'assister, Aurel, pas indifférent au charme de la dame en détresse est rapidement convaincu de son innocence et se fait un devoir de comprendre ce qui s'est réellement passé. Avec des méthodes très personnelles, une acuité renforcée par sa consommation de Tokay bien frais et une connaissance de la complexité des relations humaines nourrie à l'aune des geôles communistes de la Roumanie de Ceausescu, son pays d'origine. Tout ce qui fait de ce personnage singulier un anti-héros de plus en plus attachant.

Pour Jean-Christophe Rufin, c'est une fois encore l'occasion de poursuivre l'exploration des méandres de la géopolitique et de la diplomatie sur le territoire africain. Sa connaissance du terrain explique sans doute que le climat soit si facilement perceptible grâce à quelques personnages bien campés et surtout à l'absence de caricature. Qui n'exclut pas l'humour. L'enquête menée par Aurel va le confronter aux classiques problèmes de corruption, de pressions et de cohabitation des différentes nationalités. Pour le lecteur, c'est aussi l'opportunité de revisiter quelques faits historiques qui peuvent expliquer les situations actuelles, et de découvrir quelques aspects culturels du pays. Mais cette fois, le drame écologique est au coeur des investigations et donne une tout autre dimension à l'histoire.

Je disais après le premier volume que c'était le personnage d'Aurel qui emportait le morceau et je ne peux que confirmer après cette deuxième aventure. Sa singularité, son désespoir teinté d'élégance, son regard décalé, son comportement à contre-courant, le poids de son vécu et de ses origines, tout ceci contribue au charme de cette série portée par son humaniste créateur. Vraiment curieuse de savoir quel sera le prochain poste d'Aurel Timescu...
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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