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Critique de Zonaires


Après tant d'heures passées à marcher sans même rencontrer l'ombre d'un arbre, ni une pousse d'arbre ni une racine de quoi que ce soit, on entend l'aboiement des chiens.
Pour peu que l'on ait lu la préface de JMG le Clézio du recueil de nouvelles de Juan Rulfo Le Llano en flammes ", on ne peut être surpris dès le premier récit, de partir pour la traversée d'un monde où la désolation et la désespérance sont en première ligne.
Ecrites au milieu des années 40 par un jeune auteur mexicain, témoin dans son enfance d'une guerre civile ordonnée autour de questions religieuses, ces nouvelles tentent d'exorciser l'horreur vécue en livrant au hommes encore capables d'entendre quelque chose, des histoires qui disent ce qu'il en est de ceux qui parmi eux n'obéissent qu'à la pulsion et s'enorgueillissent d'être au-delà de toute humanité. Dans ce Mexique des années vingt les belligérants sont à l'image de la terre cette peau de vache aride et hargneuse. Qu'ils la convoitent ou qu'ils la défendent chacun s'enferme dans l'épreuve du sang, s'abandonnant jusqu'à l'ivresse aux pires brutalités, se livrant corps et âmes à des combats dont la mort n'est que l'heureuse délivrance. Certes la guerre est omniprésente tout au long du recueil, mais l'auteur nous convie aussi à ressentir comme jamais la misère de tous les jours, l'abandon d'un père, l'obsession de la vengeance, l'absence de parole, il nous convoque à l'absolue nécessité de penser la vie pour que les plaies indéfectibles du malheur ne rendent pas le désir impossible.
Bien au-delà de la vision de chairs meurtries et de sang expiatoire ces nouvelles nourrissent l'espoir que la douleur exprimée dans l'après-coup puisse participer à un travail non seulement de mémoire mais aussi de renaissance.
Et puis, il y a cette nouvelle, Macario, une des plus féroces et des plus belles qu'il m'ait été donnée de lire. Rien que pour celle-là, ce recueil est indispensable.
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