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Critique de SophieChalandre


Roman fondateur de la littérature mexicaine, influencé par le surréalisme et comme un prélude au réalisme magique, cette oeuvre installe un récit révolutionnaire dans sa forme, dans un espace où les frontières entre imaginaire et veille s'abolissent, comme entre damnation et salut, en une fragmentation de la parole et un bouleversement de la chronologie et du temps de l'histoire, où la narration nous intime qu'il n'est d'avenir que le passé.

A la mort de sa mère, le héros Juan Preciado part à la recherche d'un père qu'il ne connaît pas, dans le village de Comala. Cette quête du père engage un récit au haut degré de symbolisation du lien d'étrangeté instauré entre personnages et histoires.
Entre paysages arides et village désolé, le héros rencontre des âmes fugaces et évanescentes qui lui livrent un discours fragmenté sur l'histoire de Comala, avant, pendant et après la révolution, dont le destin fut présidé par le cacique Pedro Páramo, père du héros, despote ivre de vengeance.
Mêlant mort et vie, voix d'outre-tombe et confidence réelle, bouleversant les codes de compréhension classiques d'un récit romanesque, les voix narratives et les visions se multiplient comme des murmures sans logique, formant une sorte de bruissement collectif aux échos permanents.
Ames en peine prisonnières d'un éternel purgatoire, complices ou victimes du tyrannique Pedro Páramo et condamnées à raconter leurs souvenirs, les personnages plus objets que sujets de leurs actes sont mus par l'illusion et le désir, et s'ils n'ont pas assez prouvé leur repentir pour certains, pour d'autres ils n'ont pas assez persévéré dans leur être.
Dans une écriture d'une justesse magistrale, déployée entre lyrisme et poésie narrative, ces voix universelles auxquelles l'auteur donne une qualité sonore exceptionnelle, sont pour toujours égarées dans le non-sens de leur destin.
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