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Critique de pleasantf


Paolo Rumiz nous convie à un voyage à l'itinéraire original, en vertical depuis la toundra arctique du nord de la Finlande jusqu'à Odessa au bord de la mer Noire, sur une ligne virtuelle que Rumiz considère comme la frontière de l'Europe occidentale face au monde russe. Ce qui est assez remarquable, c'est que ce voyage de 6000 kilomètres a été réalisé en seulement 33 jours en utilisant autant que faire se peut les moyens de transport en commun (bus et train). Remarquable car Paolo Rumiz et son accompagnatrice Monika rencontrent durant leur voyage des tas de personnes qui ont généralement beaucoup de choses à raconter. Le livre rend compte de ces rencontres souvent très émouvantes quand il s'agit de personnes humbles et courageuses pour lesquelles la vie n'est pas facile.


Ce sont ces rencontres qui font la richesse du voyage de Paolo Rumiz. Au-delà de l'état d'esprit du voyageur, qui fait surgir l'imprévu, trois conditions permettent que ces rencontres adviennent : la possibilité de communiquer en russe grâce à Monika, qui est polonaise, et sert de traductrice, le fait de voyager léger et le fait de ne pas voyager dans la bulle que serait sa propre voiture. En somme, l'inverse du célèbre voyage de Nicolas Bouvier relaté dans l'excellent ‘Usage du monde' mais celui-ci, parti deux ans, avait du temps devant lui.


Le récit de Rumiz met en lumière la complexité de la façade orientale de l'Europe avec son caractère multiethnique, même s'il a tendance à s'effacer avec le temps et les déplacements de population, et ses multiples bouleversements historiques nés des guerres et des affrontements entre empires. Il exhume de l'histoire de vieilles régions comme la Courlande, la Polésie, la Ruthénie ou la Bucovine, souvent réparties sur plusieurs pays actuels ou des communautés maltraitées comme les vieux-croyants orthodoxes réfugies au fond de l'Estonie ou les Samis du grand nord. Rumiz nous emmène dans des contrées, pas si éloignées de chez nous, mais bien peu connues comme la Biélorussie, dernier pays communiste d'Europe, ou le Grand Nord russe. Son récit est un hommage à l'hospitalité, à la générosité et à la chaleur des peuples slaves, et aussi à l'apport de la culture juive à ces régions, présence juive aujourd'hui fort réduite.


Revers de la médaille, le livre de Rumiz est trop souvent nostalgique et prompt à critiquer une mondialisation bien peu définie ou les règlements de l'Union Européenne. J'accepte bien volontiers que l'on critique la société occidentale, qui n'est certainement pas exempte de reproches, notamment dans ses aspects mercantiles. Mais j'ai été dérangé par ce que j'ai cru sentir de nostalgie de l'Empire austro-hongrois ou de l'époque des vraies frontières, celles des fils barbelés de l'Europe communiste.

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