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Critique de Filox


Écrire pour qu'on n'oublie pas toutes ses belles figures, tel est le fil rouge que Paulo Rumiz à la fois, journaliste, linguiste, ethnologue, historien, géographe suit dans ce très bel ouvrage.

Certaines constantes structurent son propos et se répètent, c'est un fil d'Ariane qui aide à se repérer et à ne pas se perdre dans un récit foisonnant et qui demande une bonne dose de concentration au lecteur. Les voici selon moi : la toponymie, la présence des morts le lien avec eux surtout la nuit, la place ambiguë du hasard, la découverte in -situ des vestiges concrets en général grâce à des rencontres provoquées ou suscitées, l'eau, les fleuves, les guerres.

Paulo Rumiz raconte ses nombreuses visites toujours guidées , il aime parcourir les routes mythiques, utiliser les cartes anciennes les guides touristiques ou les récits de voyage anciens.

Il est rarement seul dans ses multiples pérégrinations, il est accompagné d'un expert, er va à la rencontre de hautes figures locales.

Je me suis étendu sur la description de sa manière de faire, car elle constitue pour moi son originalité et une grande réussite dans un exercice de mémoire, mêlant les lieux ici grandioses des Alpes et les Apennins, l'histoire et l'adaptation des hommes à leur territoire singulier, adaptation perdue de vue aujourd'hui.

Ces sujets me passionnent et j'ai éprouvé beaucoup de plaisir tout au long de ma lecture.

"Il faut parler des lieux dans leur langue " nous dit l'auteur, c'est le coeur de son oeuvre et je vous encourage à découvrir comment il y arrive, et sur le fond à enrichir vos connaissances d'un monde alpestre fort méconnu dans toutes ses dimensions.

Pour terminer mon propos, je me permets de citer les thèmes qui me sont apparus comme les mieux traités et susceptibles de changer notre regard, c'est au fond ce que je cherche le plus en tant que lecteur, encore plus sur le compte-rendu d'un voyage spatio-temporel dans le réel, sur un petit morceau de notre planète. le silence à son importance, sa couleur, sa sonorité particulière, tout au long du récit.
- L'oralité, la parole captée, restituée tient une place centrale et le choix de l'auteur va vers des personnes qui parlent et agissent :
" Parler sans agir est une limite grave pour ne pas dire un mal " nous confie Paulo Rumiz".

- le génie propre des montagnards et aussi la fatuité des italiens en particulier, des villes et des plaines qui ont perdu le sens du territoire sont les leitmotivs du livre,
- nous vivons le crépuscule de l'Europe, le pastoralisme est en déclin partout sauf en Autriche et en Suisse déplore Paulo Rumiz car la plaine pompe toute l'énergie de la montagne la pille sans vergogne et la blesse profondément de par l'impact des grandes infrastructures.
- le sacré a également toute sa place et sa vibration particulière ressentie dans certains sanctuaires ou comportements de personnes rencontrées m'a également beaucoup touché.

C'est donc un ouvrage, pas facile d'accès, sans doute trop foisonnant mais aussi très original, pour moi c'est une très belle découverte, je ne m'y attendait pas et je me risque à lui prédire un immense succès.

Pour conclure, sur son côté magistral, et vous donner envie de vous y plonger, laissez vous raconter comme jamais :

-L'éboulement d'une montagne tel le Vajont,
-La rencontre des trépassés célèbres ou anonymes sur des lieux marqués à jamais,

-Le trajet en Topolino dans les Apennins jusqu'à l'extrême sud de la botte italienne, au point où cette voiture mythique devient la patronne du récit son propriétaire avait prévenu Paulo : "
Cette voiture est comme une mule, avec elle la mémoire des personnes rencontrées se met en marche ".

Un grand merci à Masse Critique pour m'avoir permis de découvrir à la fois l'auteur et cet ouvrage passionnant.
Bonne lecture !
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