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Critique de Luniver


Il y a mille et un ans se sont disputés deux philosophes : le premier, Averroès, était convaincu de la force de la raison et de la puissance de l'amour ; le second, Ghazali, ne voyait que le salut dans Dieu, et pensait que la peur était le meilleur moyen d'amener les gens à la foi.

Aujourd'hui, l'antique frontière entre notre monde et celui des djinns vient de se ré-ouvrir. Ghazali, de sa tombe, formule son dernier voeu au djinn qu'il avait autrefois libéré : semer la terreur sur Terre, afin de prouver à son rival la vérité de ses propos. le camp d'Averroès reçoit cependant de curieux renforts : tout occupé dans ses livres, le philosophe n'a en effet pas pris conscience que la servante qu'il avait accueillie autrefois dans son lit se trouvait être une djinn, qui lui a laissé une nombreuse descendance. Prenant tout à coup conscience de leur part magique, ses enfants aussi vont prendre part à la guerre entre le Bien et le Mal, entre l'amour et terreur.

Salman Rushdie nous offre une nouvelle oeuvre d'une richesse et d'un complexité impressionnante. Mais si la complexité peut parfois faire peur, elle permet cette fois-ci que chacun trouve quelque chose son goût : duel philosophique, monde fantastique, commentaires d'actualité, nombreuses références culturelles, tout s'entremêle harmonieusement et chaque genre donne de la matière aux autres pour s'exprimer. Un combat entre deux factions magiques peut ainsi prendre une nouvelle dimension quand l'une d'elle se fait le fer de lance d'une religion liberticide en arborant un étendard noir : cette armée est envoûtée par des djinns, car aucun habitant de la Terre ne pourrait s'adonner d'elle-même à des actes proprement « inhumains ».

L'écriture est lumineuse et portée par un sens de l'humour qui survient à des moments inattendus, mais qui fait toujours mouche. Même si le thème de l'opposition entre le Bien et le Mal est au coeur des débats, il n'y a pas vraiment de moralisme, et chaque protagoniste, quel que soit son camp, joue sa propre carte. La seule condamnation qui plane sur le livre est celle des religions rigoristes qui se nourrissent de peur et de haine, dont Rushdie est d'ailleurs une des cibles privilégiées.
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