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Critique de mumuboc


Comprendre à travers des situations actuelles des événements du passé. Ne plus se mentir, jouer carte sur table, affronter ses peurs, ses comportements et prendre conscience d'un possible avenir, voilà ce que Richard Russo propose à travers quatre nouvelles se déroulant dans des milieux différents mais qui sont sur la même trajectoire : celle de sa propre connaissance, de qui on est vraiment.

Ne pas se fier aux apparences, rien n'est toujours comme il semble être. Chacun porte en soi des questions non résolues ou fausses. La vie est parfois constituée de mensonges, de non-dits, de manques. Nous n'en sommes que le résultat.

A lire sa biographie, je découvre qu'il a un doctorat en philosophie avant d'avoir enseigné la littérature et écrit des scénarios….. tout s'explique. Il s'est inspiré à travers de son expérience dans ces domaines pour écrire ses quatre histoires. Chacune aborde le côté psychologique des différents protagonistes.

Le Cavalier : Janet, professeur de littérature, doit affronter un élève qui a plagié un devoir et va la confronter à ses propres souvenirs d'étudiante, à sa rencontre avec son directeur de thèse qui l'avait confrontée à ses prises de position dans ses devoirs. Cherchait-elle à plaire au correcteur, refusait-elle de se révéler….. En se dissimulant n'avait-elle pas elle-même triché ?

Voix relate le voyage de deux frères Nate, professeur,dépressif depuis une rencontre un an plus tôt dans son université et Julian, vendeur et bavard, à Venise, au sein d'un groupe de touristes. Tout oppose ces deux hommes : leurs vies, leurs tempéraments mais aussi un passé douloureux. Julian est le verre à moitié plein et Nate le verre à moitié vide, mais qui est finalement le plus heureux. Trouveront-ils le moyen de se parler, de se comprendre.

Par contre, les pensées d'Opal, jaillies du terreau d'un cerveau unique et fertile, s'enchaînaient avec fluidité et élégance. Ses phrases étaient soigneusement construites afin d'accueillir avec précision, mais aussi avec grâce des citations tirées du texte original. Jamais elle n'utilisait des blocs de citations pour noircir du papier, contrairement à ses camarades paresseux. (…) Opal écrivait comme si le livre qu'elle commentait était important et, d'une certaine manière, coïncidait avec son expérience du monde. Nate se trouvait, à défaut d'un terme plus approprié, en présence d'une voix. (p90)

Intervention, met en scène Ray, agent immobilier qui doit réussir à vendre la maison de Nicky, amie de sa femme, alors qu'il traverse une période familiale difficile et que rien ne facilite cette vente. Pourtant il y a une solution à tout problème et ne reproduit-on pas les mêmes schémas.

Milton et Marcus se déroule dans le milieu cinématographique entre un réalisateur magouilleur et un scénariste dans l'urgence de trouver un engagement où tel est pris qui croyait prendre.

Il y a des points communs aux quatre textes : l'occasion est donnée à chaque protagoniste, lors d'un événement actuel, de se pencher sur son propre passé ou sur une situation similaire qu'il a vécue et qu'il n'a pas, à l'époque, résolue ou mal, qu'il traîne comme un boulet et qui ressurgit. La découvrir grâce à une situation du présent, d'une rencontre, entrevoir enfin une possibilité de la comprendre, d'avancer, de l'accepter.

Autre point commun : la maladie qu'elle soit physique (cancer) ou d'ordre comportementale (asperger, autisme, dépression), qui est un facteur aggravant de la situation : des décisions s'imposent, des choix doivent se faire, il y a parfois une urgence.

La nouvelle que j'ai préférée est Voix : ce voyage organisé en groupe à Venise est à la fois poignant par le thème sous-jacent et drôle par les événements que vivent ce groupe de touristes qui chacun porte également un passé.

Puis il y a ce couple de personnes extrêmement âgées qui, au repos, s'appuient l'une contre l'autre, épaule contre épaule, formant la lettre A . Si l'une des deux bougeait trop vite, il en résulterait à coup sûr une hanche brisée pour l'autre.(p70)

Je ne connaissais pas l'écriture de Richard Russo, je l'avais vu récemment lors d'un interview et j'avais aimé cet oeil malicieux, ce sourire toujours dessiné sur ses lèvres et j'ai retrouvé ces différents points dans son écriture. C'est concis, précis, construit. Il a choisi des milieux professionnels qu'il connaît pour les avoir pratiqués : université, cinéma, il décrit parfaitement le cheminement de chacun pour trouver sa réponse.

Ce sont de courts récits, doux-amers, avec une écriture efficace qui installe rapidement le décor, les personnages, utilise les flashbacks qui éclairent au fur et à mesure de la lecture les situations, qui laisse planer le mystère quant aux situations, tout ne nous est pas révéler dès le début.

Un auteur que je souhaite suivre car son écriture me correspond, ses sujets m'interpellent et qui dose habilement gravité et légèreté.

Car les gens s'accrochent à la folie comme si c'était leur bien le plus précieux, ils la défendent, parfois violemment, contre une éventuelle sagesse. (p216)

Lien : http://mumudanslebocage.word..
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