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Critique de domi_troizarsouilles


Je n'ai pas encore fini ce livre, j'en suis à 48%, mais mon avis est déjà (en grande partie) fait ! … et après être arrivée à la fin : je confirme ! Ce livre est un concentré d'aventures rocambolesques, tout à fait improbables, loufoques, invraisemblables. Deux ados qui prennent un avion intercontinental sans aucun adulte avec eux : mais oui c'est normal ; ils n'ont même pas une égratignure après le crash du petit monomoteur qu'ils ont réussi à piloter eux-mêmes : ça aussi c'est normal ! Ce ne sont là que deux exemples, a priori rédhibitoires, et pourtant on les accepte, car tout se passe à un rythme super-accéléré ! Nos deux héros, bien sympathiques au demeurant, n'ont pas une seule seconde pour respirer, ça va de rebondissement en rebondissement sans la moindre opportunité de se poser, et on a envie de les suivre, de découvrir quelle nouvelle tuile irréaliste va leur tomber dessus – au final on ne s'inquiète pas : aucune n'est vraiment grave, puisqu'ils parviennent à s'échapper de toutes ces situations dramatico-irréelles.
L'écriture est donc très entraînante, mais je ne parlerais pas de fluidité… On dirait que cet auteur s'efforce de « parler jeune », et ça ne passe pas tout à fait. C'est un peu comme s'il considérait que les jeunes lecteurs ne sont pas capables de s'intéresser à de la vraie littérature, et dès lors aurait écrit quelque chose qu'il juge à leur niveau depuis sa hauteur de prof de français : alors oui, c'est sympa, mais c'est vraiment dommage. le rythme et la cadence de ce livre, en plus de toutes les situations incroyables que vivent les deux héros, se suffisent à eux-mêmes, il n'y avait pas besoin en plus de s'exprimer comme un ado pré-pubère – pour des protagonistes qui sont sensés avoir 15-16 ans, soit dit en passant.
Mais pour moi ce n'est pas là le pire… En fait, ce livre est aussi sous-tendu d'un certain humour, relevé dans la majorité des commentaires que j'ai lus à son sujet. Mais moi, cet humour à l'emporte-pièce, sans aucune finesse, il ne me fait pas rire… et encore moins ici, car souvent ces tentatives d'esprit (si on peut dire…) prennent leur source dans des clichés extrêmement stéréotypés. On se moque de tout et surtout de tous, mais à coups de grosses louches : le mauvais goût des Anglais à travers le look de Mary la première fois qu'elle apparaît à Andréas, les méchants touristes américains qui donnent une piécette aux pauvres petits mendiants Brésiliens, les indiens de la forêt amazonienne qui pratiqueraient encore les sacrifices humains – non mais sérieusement, c'est sensé être marrant, tout cela ? ou est-ce moi qui suis mauvaise joueuse ? Oh ! un peu de temps en temps, j'aurais souri, peut-être même vraiment ri… mais c'est ainsi sans arrêt, à toutes les pages (ou presque). L'auteur donne l'impression de lancer des salves d'humour à tort et à travers alors qu'il ne sait pas viser, et ça éclate sur les murs en dégoulinant d'un certain national-nombrilisme de bas-étage… Et bien sûr, ce qui me fait particulièrement bisquer : « Sur l'échelle des performances, faire sourire une Anglaise, c'est comme faire se tordre de rire une Belge. » Ah mais c'est certain : avec un soi-disant humour aussi grossier, moi la Belge, je ne risque pas de me tordre de rire, tant je suis consternée ! Seule la « réflexion » sur le foot pourrait me réconcilier avec tout cela : « Un sport stupide, joué par des crétins milliardaires pour des débiles qui n'ont rien à bouffer. » Là, je suis plutôt d'accord – mais hélas, la forme me paraît particulièrement inappropriée, même (et surtout !) quand on s'adresse à un public « Jeunesse »…
Lecture finie : ce malaise à propos des clichés trop faciles et/ou sans queue ni tête, répétés à l'envi, se confirme dans la deuxième moitié de la lecture : les nuits anglaises qui seraient plus sombres que les autres (ah bon ?) ou les chauves qui seraient plus gentils que les chevelus (re-ah bon ?) … et, bien sûr, quelques autres fournées de blagues belges inutiles. Au risque de me répéter : suis-je donc tellement susceptible ? Voyons voir : vous habitez Strasbourg ? remplacez « Belges » par « Alsaciens » ; vous êtes Rennais ? remplacez « Belges » par « Bretons » ; vous êtes Ajacciens ? remplacez « Belges » par « Corses » ; vous êtes Montréalais ? remplacez « Belges » par « Québecois »… ok, vous avez compris l'idée. Alors lisez cet exemple parmi d'autres, en adaptant : « Vous êtes frère et soeurs tous les trois. Et belges. Personne ne se méfie des Belges. » et ça continue encore un peu plus loin, dans tout un dialogue. Sans arrêt, des piques déguisées envers l'un ou l'autre, sous le prétexte de l'humour. Ce n'est même pas méchant, on est bien d'accord, c'est juste complètement agaçant, sentiment accentué par la répétition, et stupide. Pour le dire autrement : que vous me croyiez ou non, j'ai apprécié (à leur juste valeur) les bonnes vieilles blagues belges de Coluche, sur scène, de la part d'une personnalité qui pouvait se le permettre ; mais ce genre de dérive n'a rien à faire dans un livre, encore moins destiné à la Jeunesse, encore moins de la part d'un prof de français.
Avec ça, la fin ne m'a pas du tout convaincue, elle est encore plus farfelue que tout le reste et fait voler en éclats les quelques garde-fous que l'auteur avait vaguement veillé à mettre en place, à propos des dérives d'une recherche scientifique hors de tout contrôle éthique. Mais là, pif paf pouf ! on fonce allègrement dans le grand n'importe quoi. Une fin que, par ailleurs, on sentait venir à plein nez dès les 75% du livre, c'était amené avec des clignotants gros comme des potirons, sans aucune subtilité. Ainsi donc, malgré ses nombreux rebondissements plein d'entrain, malgré les personnages principaux à qui on s'attache e dépit de l'invraisemblance de leurs aventures, tout ce potentiel qui a été exploité en grand n'importe quoi fait que ce livre n'est rien d'autre qu'un torchon.
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