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Critique de Clelie22
Encore un roman jeunesse sur la Seconde guerre mondiale ! Il n'en manque pas et leurs histoires semblent souvent se ressembler :
- deux amis, l'un juif, l'autre non ;
- deux amis, l'un collabo, l'autre résistant ;
- un jeune garçon qui tombe amoureux d'une jeune juive...
Au premier abord, c'est vers ce genre d'histoire que semble nous embarquer Les Papillons bleus : deux jeunes Français, l'un qui se laisse séduire par la collaboration avec l'ennemi, l'autre qui sympathise avec la Résistance... et avec une jeune fille juive... Sauf que non. C'est un des points forts de ce roman : dès qu'on a l'impression qu'il nous emmène vers une situation déjà lue et relue, il fait un petit pas de côté et, tel un toréador, fait virevolter sa petite cape rouge au-dessus de nos têtes de lecteurs habitués aux intrigues prévisibles.
L'habileté de l'auteur se sent aussi dans le style, riche, usant d'images bien trouvées mais justement un peu trop virtuose. Ce roman est censé transcrire les carnets de Philippe, écrits bien longtemps après les évènements. Cependant, outre que le style "carnet" ne se sent pas du tout, les envolées lyriques que se permet parfois l'auteur ne collent pas avec le style d'un vieil homme qui consigne ses souvenirs par écrit (surtout s'il n'a pas particulièrement les qualités d'un poète), encore moins avec celui d'un adolescent. Même si j'ai aimé certaines images qu'il utilisait, comme la comparaison des résistants avec des chats, ces effets de manche stylistiques avaient tendance à me faire sortir de mon immersion dans l'histoire. Soudain, l'auteur reparaissait derrière le narrateur et c'était dommage.
Cependant, outre le côté imprévisible de l'histoire, j'ai apprécié la finesse de la psychologie des personnages et la manière dont les relations entre eux se tissent.
Un autre point intéressant de ce roman est qu'il arrive à se démarquer des autres romans jeunesse sur cette période en dépeignant plutôt la vie quotidienne des Français sous l'Occupation : les privations, la cohabitation forcée avec les Allemands, la peur... et aussi la bêtise, l'endoctrinement, comment la plupart gobent (ou semblent gober) ce que la presse et la radio officielle racontent, notamment sur les Juifs.
Je trouve que ce dernier point n'est malheureusement pas derrière nous. Aujourd'hui, les mêmes idées nauséabondes circulent, sur les Juifs ou sur d'autres catégories de la population, et trouvent un écho inquiétant chez beaucoup de gens.
C'est pourquoi, outre l'intérêt historique, je trouve la lecture de ce genre de roman plus que conseillée, pour les jeunes et les moins jeunes, pour ne pas oublier comment on peut se faire endoctriner et, j'espère, ne pas répéter les horreurs du passé...
Merci aux éditions Didier Jeunesse pour cette belle découverte sur la plate-forme NetGalley.
Challenge Romans Jeunesse 2023
- deux amis, l'un juif, l'autre non ;
- deux amis, l'un collabo, l'autre résistant ;
- un jeune garçon qui tombe amoureux d'une jeune juive...
Au premier abord, c'est vers ce genre d'histoire que semble nous embarquer Les Papillons bleus : deux jeunes Français, l'un qui se laisse séduire par la collaboration avec l'ennemi, l'autre qui sympathise avec la Résistance... et avec une jeune fille juive... Sauf que non. C'est un des points forts de ce roman : dès qu'on a l'impression qu'il nous emmène vers une situation déjà lue et relue, il fait un petit pas de côté et, tel un toréador, fait virevolter sa petite cape rouge au-dessus de nos têtes de lecteurs habitués aux intrigues prévisibles.
L'habileté de l'auteur se sent aussi dans le style, riche, usant d'images bien trouvées mais justement un peu trop virtuose. Ce roman est censé transcrire les carnets de Philippe, écrits bien longtemps après les évènements. Cependant, outre que le style "carnet" ne se sent pas du tout, les envolées lyriques que se permet parfois l'auteur ne collent pas avec le style d'un vieil homme qui consigne ses souvenirs par écrit (surtout s'il n'a pas particulièrement les qualités d'un poète), encore moins avec celui d'un adolescent. Même si j'ai aimé certaines images qu'il utilisait, comme la comparaison des résistants avec des chats, ces effets de manche stylistiques avaient tendance à me faire sortir de mon immersion dans l'histoire. Soudain, l'auteur reparaissait derrière le narrateur et c'était dommage.
Cependant, outre le côté imprévisible de l'histoire, j'ai apprécié la finesse de la psychologie des personnages et la manière dont les relations entre eux se tissent.
Un autre point intéressant de ce roman est qu'il arrive à se démarquer des autres romans jeunesse sur cette période en dépeignant plutôt la vie quotidienne des Français sous l'Occupation : les privations, la cohabitation forcée avec les Allemands, la peur... et aussi la bêtise, l'endoctrinement, comment la plupart gobent (ou semblent gober) ce que la presse et la radio officielle racontent, notamment sur les Juifs.
Je trouve que ce dernier point n'est malheureusement pas derrière nous. Aujourd'hui, les mêmes idées nauséabondes circulent, sur les Juifs ou sur d'autres catégories de la population, et trouvent un écho inquiétant chez beaucoup de gens.
C'est pourquoi, outre l'intérêt historique, je trouve la lecture de ce genre de roman plus que conseillée, pour les jeunes et les moins jeunes, pour ne pas oublier comment on peut se faire endoctriner et, j'espère, ne pas répéter les horreurs du passé...
Merci aux éditions Didier Jeunesse pour cette belle découverte sur la plate-forme NetGalley.
Challenge Romans Jeunesse 2023
