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Critique de Pecosa


Pecosa
29 septembre 2015
Et si dans l'histoire d'une belle jeune fille au teint blanc comme la neige, aux lèvres rouges comme le sang et aux cheveux noirs comme le bois d'ébène on pouvait deviner les desseins expansionnistes du Reich allemand?

C'est en envoyant des lettres enflammées à sa maîtresse allemande Loreleï Luger (tout un symbole) que l'artiste mexicain Augusto Solis fait par hasard la connaissance de Jules Daumier, garçon livreur à L'Humanité. La belle a quitté son logement parisien et Jules le nouveau locataire décide de répondre à l'amant inquiet qui ronge son frein dans la capitale mexicaine.
De 1936 à 1937, les deux hommes vont correspondre et tenter de résoudre le mystère Loreleï. Cette quête va les conduire à une sombre affaire d'espionnage, des soirées parisiennes à la guerre d'Espagne, et de Berlin à Hollywood. Un complot se tramerait-il dans l'univers ouaté de Walt Disney?
Quelques soixante-dix années plus tard, c'est par courrier électronique que les descendants des deux hommes échangeront pour donner corps à ces fantômes que sont devenus Augusto et Jules. En se confiant l'un à l'autre par écran interposé, Daniel et Nieves tenteront de comprendre d'où ils viennent et qui ils sont.

Monarques est un roman à tiroir né d'une idée un peu folle que l'on doit à l'écrivain mexicain Juan Hernandez Luna, l'homme qui a rendu célèbre la ville de Puebla dans de chouettes polars, et le Français Sebastien Rutes. Cette oeuvre atypique et touchante (Luna est décédé au début du projet) mêle lettres, télégrammes, notes, récit d'aventure et envolées lyriques. On se surprend à se jeter sur des lignes griffonnées à la hâte sur une table de cuisine pour en apprendre un peu plus sur leurs aventures. "Louis, je pense que c'est le début d'une belle amitié », disait Claude Rains dans Casablanca. La relation entre Jules et Augusto tout aussi fascinante, pousse les deux hommes à braver les dangers et les distances pour trouver leur « Lorelei »...
Chaque partie du roman possède son charme. La première nous offre une belle radiographie de la France du Front populaire. Au détour d'une phrase apparaît devant nous le Paris du Vel d'Hiv', des lutteurs et des cyclistes, des bistrots, des ouvriers… La deuxième est une échappée belle où s'aventurent un nain érotomane accro aux sécrétions d'escargot, un nazi borgne,Goebbels, un Joyeux des Bat' d'Af, Maurice Tillet, le catcheur connu comme le « French Angel « (qui aurait inspiré le personnage de Shrek), Millan Astray, Walt Disney (Blanche neige était un des films préférés de Hitler), tout ça à un rythme échevelé sur fond d'"Opération Feu Magique"... . Ce feuilleton feuilletonnant s'achève sur une note d'émotion pure qui répondrait à une citation d'Antonio Porchia citée dans la seconde partie du livre, "On vit dans l'espoir de devenir un souvenir ».
Les plus grands hasards font souvent les plus belles rencontres...

La magnifique photographie imprimée sur le bandeau de cet ouvrage reçu dans le cadre de l'opération Masse critique est une oeuvre du photographe mexicain Manuel Alvarez Bravo.

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