Ce que le monde du XXe siècle trouve de plus fascinant
dans la capitale du Reich allemand tient à des choses
qui n’ont rien à voir avec la beauté de ses monuments
historiques ou de son riche héritage culturel.
Bien que le désespoir et la terreur eussent été certainement les causes les plus immédiates du suicide de Benjamin, Hannah Arendt soupçonna par la suite une crise existentielle provoquée par la perte de ses livres. Se tenant devant la frontière désolée du littoral , il percevait un avenir à la fois sombre et menaçant , sachant que ses derniers livres - son refuge , sa demeure, sa subsistance - étaient passés en bloc dans les mains de la Gestapo parisienne .
Benjamin proposait qu'une bibliothèque privée servît de témoin crédible et permanent sur le collectionneur, sa vie , son œuvre. S'appuyant, en l’occurrence, sur ce concept philosophique : on collectionne des livres avec l'impression de les préserver quand c'est eux, au contraire, qui préservent leur collectionneur.