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Critique de Hiroyuko


La joueuse de Go, c'est un livre dont la quatrième de couverture m'a donné envie de lire. C'est bête, mais ces quelques lignes m'ont fait rêver une romance basée sur le Go dont la partie serait un parallèle à l'histoire, aux émotions des deux protagonistes, une sorte de « bataille stratégique » pour l'Amour : puisque « sur le damier, elle bat tous ses prétendants », je m'attendais à ce que cet officier japonais soit celui à la bousculer, à lui rendre la partie difficile au point de faire naitre une admiration, suivie d'un amour impossible entre eux.

Mais oubliez ce que je viens d'écrire, ce n'est pas exactement ce qu'il advient de l'ouvrage.
Nous nous trouvons en Mandchourie durant l'époque coloniale japonaise du début du XXème siècle et nous suivons en parallèle deux récits subjectifs : celui de la fameuse « joueuse de Go », pour qui une partie est une échappatoire, et celui de cet officier japonais qui considère une partie de Go comme un acte solennel.
Nous sommes donc confrontés à deux types de récits.
Le premier, celui de la fille de 16 ans, est plutôt « léger » dans un premier temps, voire parfois futile où on suit des actes de la vie courante, des déboires de jeunesses, des problèmes familiaux. Mais ce côté de l'histoire tend à évoluer vers des sujets (beaucoup) plus adultes et moins enfantins, comme la place de la femme dans la société japonaise, le sexe, la révolution et autres.
Le second est le point de vue du Japonais qui a un récit plus adulte dès le départ, plus solennel, plus froid et plus martial. Plus japonais en sommes. Rien d'illogique à cela : cet officier est en campagne en Mandchourie pour servir l'Empereur. On y ressent fort le côté tradition, honneur et dévotion à la japonaise. Mais lui aussi aura tendance à voir son récit évoluer, devenir légèrement moins sombre à partir du début de la partie de Go, lorsque son cœur s'ouvre sur la jeune joueuse de Go. Une lueur d'espoir nait peut-être entre les lignes…

Durant tout le livre, on alterne les points de vue à chaque chapitre, qui sont globalement très courts et nombreux. Peut-être peut-on voir là un parallèle avec une partie de Go, où chacun place son pion, ici représenté par une partie de sa vie. Ce système donne une « routine » simple et un dynamisme à la lecture. Celle-ci est fort agréable et ce système d'alternance du récit permet d'avoir le point de vue du colonisé et du colonisateur sur la situation dans la région, et d'appréhender les différences entre les deux cultures similaires mais différentes.

Concernant mon opinion, j'ai malheureusement le sentiment d'être passé à côté de l'intérêt du récit qui ne m'a pas pleinement satisfait. Le texte est bien écrit, très poétique ; beaucoup de passages sont stylistiquement intéressant et certains même assez profonds, font réfléchir. C'est joli, mais sans plus : on se retrouve avec un dérivé de « Roméo et Juliette » à la sauce aigre-douce, très axé sur les sentiments et les émotions des personnages. Une tragédie classique en somme.
Et comme dit au début, j'ai été assez déstabilisé en comparant la quatrième de couverture avec le texte intégral. L'un ne reflète pas vraiment l'autre, ou alors de loin. Le Go n'a pas une part importante du récit comme on pourrait (peut-être) s'y attendre : ce n'est finalement qu'un prétexte qui aurait pu être remplacé par n'importe quoi d'autre.

Concernant la fin de l'histoire, elle est très… « asiatique ». C'est un terme stupide, mais c'est le genre de fin qu'on peut retrouver dans les films de genre asiatiques. Elle est très poignante car la mise en scène est plutôt bonne, mais je l'ai trouvée vraiment expédiée et moins « profonde » que le reste de l'ouvrage qui s'attarde sur des détails ou s'étale sur certains sentiment/ressentis. Ca n'enlève rien au fait que la fin soit « jolie », bien qu'assez prévisible dans sa finalité.

Pour conclure, j'ai trouvé la lecture plaisante, très enrichissante stylistiquement (sincèrement, il y a des tournures de phrases vraiment excellentes) et très facile à lire. Malgré cela, ce n'est pas un coup de coeur qui restera gravé dans ma mémoire.

Je conseille donc cette lecture à ceux qui apprécient le style poétique et qui sont intéressé par des connaissances culturelles et historiques disséminées dans le livre au détriment d'une histoire vraiment intéressante.

Hiroyuko.
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