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Citations sur Nous sommes les chardons (23)

Couper du bois, ça n’a l’air de rien, mais c’est un geste essentiel. Lorsque je brandis le merlin avec sa tête brute et triangulaire, je me sens relié à des tas de générations précédentes. Bien sûr, en ville aujourd’hui, il y a l’électricité ou le gaz, mais nous, on n’a que ça pour se chauffer l’hiver ou pour cuire la nourriture. En reproduisant les gestes de ceux d’avant, on les respecte, on montre qu’on n’a pas tout oublié. Et puis, ce qu’il y a de bien avec le bois que l’on fend, c’est que l’on se chauffe deux fois. On se réchauffe en le brûlant, mais aussi en le coupant.
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Mon père explique qu'on a le droit [d'abattre un arbre] si c'est pour allumer le poêle et lire au coin du feu.
Peut-être que ce n'est pas un hasard si le papier des livres et le feu sont de la même matière, et qu'ils vous revivifient l'un comme l'autre. Une bûche que l'on fend, c'est une promesse de lecture.
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Peut-être que leur vie ne va pas changer d'un coup, mais ce qu'ils auront senti là, la lumière restant sur leur rétine, va faire son chemin et les amener sur un nouveau sentier qu'ils finiront par emprunter lorsqu'ils seront prêts.
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L'homme est fait pour écouter les oiseaux et pour leur donner des noms, disait le père, aujourd'hui, le bruit des machines est arrivé aux oreilles des gens et ils ne comprennent pas qu'ils en ont la migraine. Pourtant, c'est normal, nos oreilles sont faites pour entendre le vent dans les arbres et pas plus d'une ou deux voix à la fois. Mais les habitants des villes n'entendent plus rien, car ils sont abasourdis par le bruit de la planète entière.
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Nous sommes les chardons. Personne ne nous garde une place. Mais c'est nous qui survivrons au climat déréglé, qui nous développerons dans tous les milieux. Les plantes cultivées, transformées en annuelles, sont incapables de passer l'hiver, ne tiennent qu'avec des engrais et si on les débarrasse de la concurrence des adventices, les "mauvaises herbes". Mais c'est nous, les chardons, qui resterons si les jardiniers s'en vont.
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L’histoire s’inscrit dans les paysages, mais celui que nous avions sous les yeux ne racontait pas la politique, les guerres de religion, l’esclavage, la financiarisation de l’économie. Notre paysage, et c’est sûrement pour ça que mon père l’avait choisi, disait la nature enfouie en l’homme, le marronnage, la vie d’un autre siècle, mais pas les grands mouvements de l’histoire contemporaine que mon père m’expliquait le soir, quand nous résumions les livres qu’il me demandait d’étudier.
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On peut mesurer la sincérité des gens à l’épaisseur de leur silence.
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Depuis leur chemin sur lequel je me trouve et qu'on peut rejoindre en longeant leur grange, on voit toute leur richesse. Leur bois. Ce bois, calé comme un mur en pierres sèches, ne montrant que son côté coupé en triangles réguliers laissant croire qu'un géomètre serait passé tout mettre en ordre. Et un peintre aussi, qui aurait coloré ce dégradé du jaune sombre au gris, de plus en plus délavé à mesure que les bûches sont plus vieilles et plus sèches. Il est tellement bien aligné qu'il ne semble pas destiné à bouger, à être enlevé de là pour chauffer la maison. Et en effet, il reste plus qu'à son tour, parce que c'est une richesse. une richesse si modeste, en réalité, car elle ne demande qu'un instant pour partir en fumée.
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Il fait déjà sombre à l'heure où je regarde par la fenêtre passer les voitures des habitants qui reviennent de leur travail à la ville voisine. Il ne faut pas loin de trois quarts d'heure pour s'y rendre les jours où la route est bonne, mais ils prétendent tous qu'ils y gagnent en qualité de vie. Ils ont ajouté de grands garages en moellons aux vieux corps de ferme en pierre et fermé le tout par des haies de thuyas qui ne sont pas du tout des arbres d'ici mais ont l'avantage de pousser bien vite. Ils s'entourent aussi d'objets, s'en construisent un grand mur qui les dépasse et qui leur bouche l'horizon. Ils ont beau dire que le matin ils voient la montagne, c'est à ça que se résument leurs quinze minutes de verdure quotidienne, un coup d'oeil par la fenêtre au réveil. Et puis ils se dépêchent de partir en ville pour travailler, pour acheter des téléphones, des ordinateurs ou des robots ménagers, de nouvelles briques à ajouter à leur mur d'objets.
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L’homme est fait pour écouter les oiseaux et pour leur donner des noms, disait le père, aujourd’hui, le bruit des machines est arrivé aux oreilles des gens et ils ne comprennent pas qu’ils en ont la migraine. Pourtant, c’est normal, nos oreilles sont faites pour entendre le vent dans les arbres et pas plus d’une ou deux voix à la fois. Mais les habitants des villes n’entendent plus rien, car ils sont assourdis par le bruit de la planète entière.» C’est de ça que le père avait voulu se préserver en venant habiter la montagne, en montant plus haut que les voitures, là où nul n’ose plus se rendre aujourd’hui. Il m’avait emmené là pour que j’apprenne à écouter autre chose que tout ce bruit, m’avait-il expliqué un jour où je lui demandais pourquoi on n’allait pas vivre ailleurs. Il avait pris cette question très au sérieux, même si moi, ces histoires de bruit, d’entendre et d’écouter ce qui arrivait au bout de la planète, ça me passait un peu au-dessus de la tête.
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