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Critique de domi_troizarsouilles


Une déception ! et les notes quand même assez élevées qui sont données à ce livre me laissent perplexe…
À vrai dire, ça commençait mal : on apprend d'emblée, grâce à quelques notes de bas de page dès le 1er chapitre, que ce livre est en quelque sorte la suite de « On n'attire pas les hirondelles avec du vinaigre ». Certes, je pense que les deux livres peuvent se lire indépendamment ; autrement dit, ce second tome n'est pas incompréhensible si on n'a pas lu le précédent… mais c'est quand même dans ce dernier que le lecteur avisé aura pu faire connaissance avec les personnages, ce qui ne semble pas inutile. Lecteur avisé, ou tout simplement informé ! mais la mention que ce livre-ci est une suite n'apparaît nulle part, si ce n'est dans les notes de bas de page précitées, ce qui est un peu pauvre, et « invisible » lors de l'acquisition du livre ! En effet, ni l'autrice ni l'éditeur ne semblent avoir trouvé utile de faire savoir aux lecteurs, de façon claire, que ce livre-ci a un prédécesseur ; pour moi c'est une forme de manque de respect envers le lecteur, et je trouve ça extrêmement dommage ! C'est du pur commerce, « lisez-moi ! » et vous vous débrouillez avec ça…

Car oui, il faut bien le dire, ce livre est très vendeur. La couverture est tout à la fois attirante et sympathique, mais aussi intrigante, avec ce verre de champagne en avant-plan, les lampions, l'esprit de fête malgré ce homard à l'oeil triste… et cette fiole de poison qui laisse entrevoir un autre aspect sur lequel les ventes jouent beaucoup : du cosy mystery !
Et c'est bien là qu'intervient la deuxième grosse déception : non ce n'est pas du cosy mystery, ou si c'en est, alors il est noyé dans une histoire qui s'apparente bien davantage à de la chick-lit qu'à tout autre genre, avec une vague enquête policière qui commence réellement à plus de la moitié du livre, et qui ne prend pas plus de 20 à 30% du roman au total – je n'ai pas fait de statistiques exactes, mais je pense ne pas être loin du compte. Pire : enquête ou pas, j'avais compris dès sa première apparition qui était le tueur, son mobile et son procédé ; c'était tellement flagrant qu'on se demande comment l'autrice a encore pu trouver 20% de son livre à tourner autour de l'évidence qu'elle expose elle-même. Quoi qu'il en soit, on est très, très, très loin d'une Agatha Raisin par exemple !

S'il faut comparer à un personnage emblématique d'une littérature légère mais agréable, alors on serait plutôt du côté de chez Bridget Jones… mais en version encore plus décérébrée que l'originale (si seulement c'est possible ! je précise pourtant : j'ai beaucoup apprécié le roman de Helen Fielding lorsque je l'ai découvert il y a une vingtaine d'années, peu après sa sortie en français), d'ailleurs Camille ressemble furieusement à Bridget : journaliste sans envergure, gaffeuse au possible, et qui répète à l'envi qu'elle ne s'intéresse à rien – ni à la philosophie comme son futur beau-père, ni à l'histoire comme sa future belle-mère, ni à la politique comme son compagnon, ni aux mathématiques ou aux sciences auxquelles elle ne comprenait rien à l'école dit-elle elle-même.
Mais alors, dites-moi, elle s'intéresse à quoi, cette journaliste ? et de quoi peut-elle bien parler dans ses articles ?? de ses romans peut-être ? car là, ouf, on est presque sauvés : au moins elle lit !

Cela dit, même si Bridget était un personnage ultra-stéréotypé, elle avait quelque chose d'infiniment crédible et attachant… ce qui n'est hélas pas le cas de Camille ! Elle est présentée comme une jeune quadragénaire, mais agit en permanence comme une ado à peine pubère. Elle se montre énamourée comme une gamine de son homme parfait (alors qu'ils sont quand même à 8 mois de relation ; certes c'est beau l'amouuuuuuuuur ! mais là on est dans l'adoration gnangnan, qui dès lors ne parvient pas à émouvoir d'une quelconque façon), ou bien surexcitée face à une ex qui s'avère une vraie peste… mais soyons sérieux : ma fille de pas tout à fait 13 ans utilise le mot « peste » à tort et à travers pour désigner les filles qui ne lui plaisent pas pour telle ou telle raison… mais à 40 ans, ça devient du domaine de l'ado attardée, et si après 8 mois de relation stable (ce qui semble être le cas) avec un homme merveilleux, on craint encore une ex certes entreprenante mais à moitié hystérique, au point de l'attaquer physiquement pour quelques mots malencontreux, alors il y a un problème…

Est-ce de l'humour ? c'est en tout cas un autre argument de vente de ce livre. Eh bien, il faut croire que j'y suis peu sensible ! Certes, je reconnais que la plume est légère et ultra-fluide, et on se prend à sourire à plus d'une reprise – si on fait fi de toutes les invraisemblances relevées plus haut. Si cet humour, par ailleurs, a le mérite de ne pas se moquer des autres quels qu'ils soient (contrairement à plusieurs de mes lectures précédentes, ce qui m'irrite toujours beaucoup), mais au contraire brandit une espèce d'autodérision qui ne manque pas d'une certaine saveur, il est aussi carrément au ras de pâquerettes : c'est de l'humour « tarte à la crème », sans aucune subtilité, mais à tel point que même un Louis de Funès ultra-agité paraîtrait un enfant sage en comparaison…
Je conçois que ça puisse plaire à certains, à beaucoup peut-être même si on considère la note globale qu'a obtenue ce livre sur les différentes plateformes de vente ou de lecteurs… mais il faut croire alors que je ne suis pas dans la bonne disposition d'esprit actuellement (et peut-être n'y serai-je jamais ?), et sans cette écriture que je reconnais agréable, je n'aurais peut-être pas été jusqu'au bout.

Bref, au vu du succès qu'a remporté ce livre malgré tout, je pense qu'il peut trouver son public, mais clairement je suis passée à côté. Je retiens toutefois que sa couverture est vraiment sympathique, et la plume légère et ultra-fluide est agréable. Mais il faut oublier l'idée de trouver un cosy mystery humoristique, et se préparer à lire une chick-lit déjantée façon tarte à la crème – si j'avais su, alors la déception aurait peut-être été moins grande pour moi, en tout cas !
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