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Critique de PhilippeCastellain


Un soir sur le quai du métro ou dans votre voiture, vous-êtes vous déjà senti totalement anonyme et insignifiant ? L'esprit écrasé par la fatigue, enserré par une foule de gens tout aussi épuisés, chacun retournant vers le repas du soir, puis la petite heure de liberté où l'on tentera (souvent vainement) de mobiliser ses dernières bribes d'énergie pour meubler un peu ce vide qu'on sent lentement nous envahir, contre lequel on lutte désespérément… le soir. La fatigue. S'abrutir devant une émission de télévision serait si simple. La fatigue. Demain, une autre journée en tout point identique commence…

Et si quelque chose, brutalement, vous arrachait à ce quotidien. Que pour quelques jours vous découvriez un monde où chaque partie de votre être se sentirait en paix. A sa place. Quelques jours seulement. Est-ce que vous ne seriez pas envahi par le désir fou d'abandonner la petite vie que vous avez eu tant de mal à vous construire dans la société ? Rester là. Envers et contre tout. Tant pis pour le reste.

Peu importe.

Peu importe ce qu'il adviendra.

Mais nous sommes gens rationnels, n'est-ce pas ? Et pourtant, comme nous l'admirerions, celui qui sauterait ce pas !

Ce ne sera peut-être pas le plus jeune ou le plus fringant. Ce sera peut-être même le plus terne d'entre nous. Ce sera peut-être celui qui depuis tant d'année hante son bureau gris rempli de paperasse qu'il semble n'en être qu'un meuble, et qu'on ne le convie plus aux sorties entre collègues que pour la forme. Ce sera peut-être ce petit avoué en assurance de Peregrine Chase, le gringalet le plus insipide et le plus insignifiant que l'on puisse imaginer…

Un jour, il hérite d'un manoir. de longs couloirs où s'alignent les portraits de ses ancêtres. Des grandes cheminées et aux meubles anciens. Des jardins aux allées bordées de fleurs. Et quelque chose d'autre. Car certaines demeures ont une âme. Et la vie, soudain, renait dans cet être desséché.

Nous n'aurons pas la chance qu'a eu notre ami Peregrine Chase. Et quand bien même nous l'aurions… Aurions-nous son courage ? Nous sommes, amis, simplement condamnés à nous dessécher peu à peu parmi nos livres. Notre seul courage sera de résister tant que nous le pourrons à la fatigue avant de laisser nos esprits basculer dans le vide.
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