Rêve écarlate

Plus troublant que le mariage de l'érotisme, du grotesque et du macabre, il y a dans l'œuvre de Toshio Saeki un caractère profondément déroutant qui voit se conjuguer dans le regard du lecteur un sentiment de familiarité et d'étrangeté totale. Chacun y retrouve quelque chose qu'il connaît déjà : la pointe précise d'Hiroshige, la perversité de Sade, les thématiques de Ranpo, la ligne claire d'Hergé... Nos propres références nous sont rendues sous une forme distordue, venimeuse. Cette illusion est-elle la clef nécessaire pour accepter un style paradoxal, qui puise dans la pureté la perfection de sa ligne et dans le vice une inspiration sans cesse renouvelée, variant jusqu'au vertige son arithmétique de la cruauté ?