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Critique de Andromeda06


Ce n'est qu'une fois arrivé à la postface que l'on comprend la dimension grandement personnelle de Juanungo dans cet ouvrage, qui raconte le dernier projet d'un réalisateur de cinéma d'animation, alors atteint d'un cancer en phase terminale, et pour qui ses proches engagent un infirmier pour l'accompagner au quotidien. le père de Juanungo était réalisateur de cinéma d'animation, il est décédé des suites d'un cancer. À travers cet ouvrage, Juanungo nous livre comme une part intime de lui-même, ou plutôt de son père, à qui il rend hommage de manière très touchante.

Entre Neno et H, les débuts sont difficiles. Neno est un monsieur intransigeant, plutôt rude, que ses douleurs provoquées par le cancer rendent davantage irascible. H est un jeune infirmier un peu empoté, un "grand mou", qui éprouve quelques difficultés à s'exprimer aussi. Leur collaboration ne démarre pas très bien mais grâce à la patience et au grand coeur de H, grâce aux injections de morphine faisant oublier la douleur pour un temps, on pourra voir évoluer leur relation vers le mieux.

Parallèlement, on peut observer le projet de Neno prendre forme, on en suit l'évolution image par image jusqu'à sa finalisation.

Le projet prend vie pendant que la vie de son réalisateur s'éteint... le parallèle fait entre ces deux événements est assez percutant.

Si j'ai eu beaucoup de mal avec les dessins au départ, plutôt minimalistes dans l'ensemble, sans couleurs, tout blancs comme des coloriages qui ne demandent qu'à être remplis, je suis finalement passée outre assez rapidement grâce à un scénario très prenant. Et puis, au fur et mesure, le fusain fait son oeuvre, offrant de jolis contrastes grâce aux différents tons de gris, aux dessins de plus en plus souvent grisés, aux décors entourant les personnages de plus en plus détaillés.

Aussi, le côté "flipbook" qui apparaît à un peu moins de la moitié du livre est plutôt original. On voit de visu la lingette s'animer, telle que Neno le voudrait, alors que ce dernier n'est plus capable de quitter son lit.

Plus on avance dans l'histoire, plus les dessins s'animent et plus la vie quitte Neno. Alors que ce dernier nous montre les ficelles de son métier, alors que H découvre le concept de cinéma d'animation, on observe parallèlement une belle relation entre l'animateur et son infirmier s'installer, en même temps que les douleurs sont de plus en plus persistantes, que la maladie ronge de plus en plus le corps et l'esprit de Neno.

Entre le caractère bien trempé de l'un et l'introversion de l'autre, nous sommes baladés d'une émotion à une autre sans crier gare. L'histoire se veut de plus en plus intense, de plus en plus belle alors que de plus en plus triste. Si le scénario met à l'honneur le cinéma d'animation, il est aussi et tout autant question de fin de vie. Pourtant, il reste dynamique jusqu'au bout, jouant au yoyo avec nos émotions. La fin, prévisible et inévitable, n'en est pas moins tristement émouvante.

Quand j'ai une BD (ou un roman graphique) entre les mains, mon premier réflexe est de l'ouvrir et d'en regarder les dessins. S'ils ne me plaisent pas du tout, je la repose. Sans doute, suis-je passée à côté de quelques perles... Si j'étais tombée sur "L'animateur" en librairie ou à la bibliothèque, c'est sans doute ce qu'il se serait passé et je peux dire maintenant que j'aurais pu le regretter. Je remercie donc chaleureusement Pierre de Babelio et les éditions Delcourt pour m'avoir donné l'occasion de lire ce roman graphique dans le cadre d'une masse critique privilégiée, et sans qui je serais passée à côté d'une histoire à la fois toute en émotions et très instructive.
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