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Critique de oran


Vera Kaplan
En cette période caniculaire, un grand merci aux Editions Buchet Castel, à Babelio et à
Laurent Sagalovisch qui me permettent de rester au frais à lire un bon roman reçu dans le cadre de Masse critique.
Véra Kaplan est la doublure romanesque de Stella Goldschlag, cette juive allemande qui collabora avec les Nazis et la Gestapo entraînant, ainsi, grand nombre de ses compatriotes vers la mort.
Ici, l'écrivain a su influer au personnage une certaine humanité, celle que l'on pressent plus que celle que l'on ressent à travers ses explications confiées à ses cahier- testament, journal et millier de lettres adressées à sa fille, jamais lues. Ces épanchements ne permettent pas, cependant, d'éprouver pour elle compassion, et d'accorder le pardon, juste, une pitié froide pour celle qui par son écriture logorrhéique tente de trouver sinon une excuse, au moins un sens à son acte. Jamais le mot solidarité ne vient heurter son esprit, son âme, une solidarité qui exista pourtant au sein du peuple juif pour tenter d'échapper à la horde tueuse, solidarité aussi par le combat et les armes (je pense au soulèvement du Ghetto de Varsovie, aux juifs qui s'engagèrent dans la Résistance…) Elle, elle se justifie en tentant d'admettre que son acte allait servir à différer la disparition de ses parents et de sauver, au moins, la peau d'un juif, la sienne. « Se battre, mourir debout", oui certains choisirent de le faire en n'acceptant pas « cette passivité » qu'elle dénonce souvent. « Décantation du temps » qui lui permet de voir, de ressentir qu'elle s'est « peut-être » trompée, « en échafaudant des théories fantasques ». Pourtant, ne pas la juger, et relire encore le réquisitoire de l'avocat général lors de son procès. Qu'aurions-nous fait, en pareille circonstance ?
Par la suite, elle apprendra l'hébreu, langue qui lui permet de se réapproprier son judaïsme. Ce savoir sera source de ses revenus en traduisant de nombreux textes, apprentissage surtout pour tenter de retrouver sa fille vivant désormais en terre israélienne , qu'elle ne retrouvera jamais.
Nombreuses analepses pour raconter cette histoire qui commence par la lecture des documents adressés par l'exécuteur testamentaire de Véra à sa fille, récemment décédée et qui seront effectivement lus par son petit-fils, revenu à Tel Aviv à l'occasion d'Hanoucca,( Référence très symbolique ici puisque cette fête célèbre le triomphe de la lumière sur l'obscurité, de la pureté sur l'altération, de la spiritualité sur le matérialisme). Un récit sur de longues années plus de cinquante-deux ans en comptant le temps passé à retrouver les traces de la fille de Véra.
Laurent Sagalovisch s'attache moins ici à pasticher la biographie de Stella Goldschlag, il met en vie, anime une femme différente , et c'est , d'après moi, l'analyse psychologique du personnage de roman qu'il faut retenir et qui fait l'intérêt de cette lecture.
Coïncidence, mes lectures actuelles sont axées sur la Seconde guerre mondiale ( Résistance, Collaboration, déportations.) Un grand merci donc à Laurent Sagalovisch qui participe ainsi à enrichir ma bibliographie.

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