Laurent Sagalovitsch interroge sur la trahison, à travers le journal de
Vera Kaplan, une juive qui dénonçât d'autres juifs pour sauver sa vie et celle de ses parents.
Qui peut juger de la trahison? Vera a été condamnée lors de son procès, sans chercher ni à se défendre ni à se faire pardonner. Sa fille, puis son petit-fils refuseront de la juger, parti-pris que je prendrai finalement, après avoir longuement hésité et été souvent dérangée par les propos de Vera.
Car force est de constater qu'elle est animée par une pulsion de vie plus forte que tout, un besoin de résistance qui transpire tout au long du livre. Cette soif de vivre a été nécessaire dans sa décision de devenir chasseuse de juifs. Elle est également perceptible dans la relation qu'elle entretient avec Karl, un autre chasseur de juifs, et lui permet de passer outre le dégout que lui inspire parfois sa mission.
Mais quel est le prix de la trahison? Les parents de
Vera Kaplan seront finalement envoyés en camp de concentration. Vera sera condamnée, devra abandonner sa fille, et finira par se suicider. le secret attaché à cette trahison accompagnera également les générations suivantes : la fille de Vera se murera dans le silence, et son fils tentera toute sa vie de vivre une vie normale, tourmenté par la recherche du passé.
Enfin, jusqu'où peut-on aller pour vivre?
Vera Kaplan a-t-elle le droit de condamner ces juifs qui selon elles acceptent avec soumission de se laisser envoyer dans les camps de concentration?
La grande qualité du livre réside dans la capacité de
Laurent Sagalovitsch, à travers un style sobre, à aborder des questions déroutantes tout en parvenant à ne jamais juger. Il n'apporte pas de réponses : à chaque lecteur de fournir les siennes tant les points de vue peuvent être personnels
Une lecture qui interpelle, et dont on ne sort pas indemne.
https://accrochelivres.wordpress.com/2016/08/31/
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