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Critique de Zephirine


Directeur du département des Peintures du Louvre, Aurélien doit assumer la mission délicate de la restauration d'un tableau mythique, attraction majeure du musée : La Joconde. Cette décision audacieuse, c'est celle de Daphné, la nouvelle présidente à la tête du musée, une sacrée personnalité à laquelle on se doit d'obéir.
« Avec un talent et une intuition hors pair, elle avait considérablement amélioré la visibilité de l'établissement dans les médias et sur les réseaux sociaux. le pouls de Daphné battait au rythme du monde et même un peu en avance sur celui-ci, tant elle savait précéder les désirs de ses contemporains. »
Elle va jusqu'à recruter un cabinet conseil pour trouver des solutions et booster la fréquentation du musée. Parmi des propositions plus ou moins extravagantes, la plus audacieuse est cette restauration de la Joconde. Les outrages du temps ont dégradé la peinture, « les vernis oxydés et jaunis ont déréglé ses contrastes, opacifiant le portrait qui, année après année, s'enfonce un peu plus dans la pénombre. »
Aurélien, que l'idée de restaurer les couleurs de la Joconde en allégeant les nombreuses couches de vernis, répugne, est chargé de trouver l'expert en restauration capable d'une telle prouesse.
Cette quête pleine de folies et de rebondissements, nous fait découvrir les méandres du musée et les étapes d'une restauration à haut risque. L'enjeu d'une restauration qui s'attaque au symbole de l'art occidental, dépasse l'univers de l'art pour atteindre les sommets politiques.
On s'amuse et on souffre avec Aurélien de l'aventure de cette chirurgie esthétique sur une star de la renaissance italienne.
De nombreux personnages s'agitent et se croisent dans l'entourage de la belle Mona Lisa. Homero est l'un d'eux, sans doute le plus étrange, car il est le seul à avoir une approche sensuelle avec les oeuvres d'art. Ainsi, jugé sur son autolaveuse rouge, il imagine une chorégraphie poétique autour des statues antiques.
« le délire de cet homme sur sa machine, d'un spectacle touchant mais un peu cocasse, était devenu un ballet sublime. L'autolaveuse tournoyait, emportée par les mouvements sinueux des cordes. le technicien répondait par sa gestuelle à toutes les impulsions données par le rythme, alternant douceur et intensité, moments de fausses accalmies et vivacité fiévreuse. »

Ils sont nombreux à subir la fascination de Mona Lisa, et c'est cette étrange séduction qui va influer sur leur destin.
Par le biais de la restauration téméraire d'un chef-d'oeuvre et de ses répercussions médiatiques, c'est une satire de notre époque à laquelle nous convie Paul Saint-Bris.
Si les passages sur les difficultés qu'Aurélien rencontre dans son couple qui bat de l'aile ne m'ont pas passionnées, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les péripéties surprenantes de l'allègement des vernis de la Joconde.
J'ai également apprécié l'histoire de la restauration de tableau et de ses experts comme ce Robert Picault, qui déclare être l'inventeur de « l'enlevage » des peintures. Il devient fournisseur royal, mieux payé que le premier peintre du roi.
J'ai pris un grand plaisir à la lecture de ce premier roman. Une belle découverte.





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