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Critique de MartinServal


L'intérêt majeur de ces lettres, c'est justement qu'elles ne sont pas très intéressantes. Elles ne contiennent que les nouvelles d'un fils qui tient informée sa mère de sa vie quotidienne. Point de discussions philosophiques, de débats lyriques, ici Antoine de Saint-Exupéry se concentre sur un contenu étonnement prosaïque : il raconte à sa mère comment se déroulent ses études, les déjeuners auxquels il est invité, les besoins matériels auxquels il fait face, sa santé et son moral, les pièces de théâtres qu'il va voir, puis, en grandissant, ses premiers vols, ses nombreux projets professionnels, ses rencontres amoureuses. Progressivement, il se met à lui parler de littérature, de ses lectures et de ses écrits.
Au fur et à mesure des vols, Saint-Exupéry glisse doucement dans une nostalgie contemplative que l'on retrouve notamment dans Terre des Hommes ou dans Vol de Nuit, et qui se perçoit clairement dans sa correspondance à sa mère. Il se fait d'ailleurs plus pressant dans l'expression de son manque maternel, dans une sorte de retour embryonnaire.

Et bien sûr, cette correspondance est fréquemment ponctuée de déclarations d'amour à sa mère, le plus souvent à la manière d'un enfant qui réclame sa maman et ne veut point attendre pour la voir : « J'ai autant besoin de vous que lorsque j'étais petit ». Elle témoigne donc de l'attachement continuel de Saint Exupéry à sa mère. En ce sens, il est particulièrement intéressant d'avoir inclus la correspondance de son enfance et de son adolescence (la première lettre remontant à 1910). Ce qui me semble le plus frappant, dans ses lettres de jeunesse, ce sont les informations qu'il juge utile de transmettre à sa mère. Naturellement, il la tient informée de ses progrès scolaires, mais il lui parle surtout de sujets qui ont totalement disparu de toutes nos conversations : il lui dit les jours où il a communié, lui parle de ses retraites annuelles, etc.

Il est aussi fascinant de remarquer à quel point Saint Exupéry néglige son écriture à l'adolescence. Il emploie à l'envie des anglicismes (on est en 1917 !), ne respecte pas certaines formes négatives, use d'un vocabulaire pour le moins familier. Tout cela est saupoudré d'expressions et de remarques délicieusement surannées.
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