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Critique de Lamifranz


Certains auteurs (ou autrices) se définissent par leur oeuvre, parfois même par une petite partie de leur oeuvre. Pour d'autres, dont la vie est au coeur de la production littéraire, il faut tenir compte de la totalité de la personnalité, vie et oeuvre mélangées de façon indissociable.
C'est bien sûr le cas de Saint-Exupéry, homme, aviateur et écrivain : trois vies qui ne sont pas séparées mais qui se nourrissent entre elles… et mon tout est un homme ! Pas un ange, pas un démon, un homme plein de qualités et de défauts, un homme attachant au possible. Un homme qui met tout ce qu'il est dans ce qu'il écrit, ce qui le rend à la fois si singulier et si proche de nous.
C'est pourquoi ses écrits intimes, sa correspondance, ses carnets personnels, nous apprennent plus sur lui que son oeuvre (qui en dit déjà beaucoup), et d'une certaine façon, nous aident à mieux comprendre cette dernière, ce qui la motive, ce qui lui donne du sens.
Les « Lettres à sa mère », parues en 1955 (posthumes donc) sont un document inestimable pour comprendre Saint-Ex, surtout le potentiel d'amour, d'affection, d'élan qui le caractérisait. Malgré son caractère entier, volontiers autoritaire, on découvre un homme capable d'une tendresse infinie, ce que son oeuvre peut laisser entrevoir (à travers son humanisme, son humanité, sa générosité), mais jamais à ce point de communion, de fusion.
Car avec sa mère, c'est bien de fusion qu'il faut parler : le portrait qu'il en donne, transfiguré par un amour filial exemplaire, ne doit pas être éloigné de la réalité : Mme de Saint Exupéry (née Marie de Fonscolombe) (1875-1972), veuve en 1904, éleva ses cinq enfants (Marie-Madeleine, Simone, Antoine, François et Gabrielle) avec amour, intelligence et finesse. Son fils, toute sa vie lui rendra hommage.
« Ma mère, vous vous penchiez sur nous, sur ce départ d'anges et pour que le voyage soit paisible, pour que rien n'agitât nos rêves, vous effaciez du drap ce pli, cette ombre, cette houle…
« Car on apaise un lit comme d'un doigt divin la mer. »

« Vous êtes ce qu'il y a de meilleur dans ma vie. J'ai ce soir le mal du pays comme un gosse ! »
« … rien qu'en m'embrassant, vous faisiez tout oublier. On se sentait en sécurité dans votre maison, on n'était rien qu'à vous, c'était bon ».
On découvre un Saint-Ex aimant, se raccrochant à sa mère dans les moments de grande douleur, de dépression, de cafard, et tremblant pour elle :
« Rien sans doute, rien certainement ne m'est plus cher au monde que Didi (sa soeur Gabrielle), ses enfants et vous. Et c'est sans doute pour vous toujours que je tremble. Cette perpétuelle menace italienne me fait du mal parce qu'elle vous met en danger. J'ai tellement de chagrin. J'ai infiniment besoin de votre tendresse, Maman chérie, ma petite Maman. Pourquoi faut-il que tout ce que j'aime sur terre soit menacé ?
Rien de plus émouvant que cette correspondance qui vient du coeur et qui part au coeur. Saint-Ex est l'un de nos écrivains les plus « authentiques » : ces lettres n'étaient pas destinées à la publication, elles étaient on ne peut plus intimes : leur valeur n'en est que plus grande.
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