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Critique de Fleitour


Entre mes mains, voici un livre oublié qui est passé totalement inaperçu, depuis mai 2017 ce roman historique, les " Poilus de Harlem" dort paisiblement dans quelques bibliothèques, tels des menhirs d'un autre temps, qui finiront couchés comme ces pierres qui n'ont pas sues délivrer leurs secrets.
Pourtant ce roman est vertigineux, et raconte un vertigineux malaise : quel pays en guerre pourrait refuser qu'une partie de ses enfants ne puissent combattre sous la bannière étoilée de leur propre pays.


Peut-on imaginer aujourd'hui que des sportifs soient dans l'impossibilité de participer à une compétition, au motif de l'appartenance à une minorité non désirée.


L'engagement des noirs de Harlem, sous le drapeau de l'U.S. Army leur fut refusé en 1914, au motif d'être noirs, suivant la doctrine abjecte dite "Jim Crow". Ils ne pourront combattre qu'à la seule condition de se placer sous le commandement français.
Pourtant avant de quitter New York plus de 2000 soldats, du 15th régiment de la garde nationale de New York, entendaient par leur geste briser la logique de la ségrégation.


Rebaptisé 369ème bataillon , en cette année 1918, avec à leur tête, un étrange colonel William Hayward, ils multiplieront les faits d'armes, et nombre d'entre eux seront décorés par les généraux français de la croix de guerre. le général le Gallais, le général Gouraud ou le général Vidalon, ont rendu hommage à ces soldats de l'ombre, ces hommes qui avec générosité et intelligence ont réussi à faire douter les divisions allemandes.


Je relève les propos du général Gouraud page 143 ces mots, "vous avez le droit d'être fiers hommes héroïques de l'infanterie et mitrailleurs des postes avancées qui avez signalé, stoppé et divisé leurs attaques, bataillons et batteries qui les avez cassées, officiers qui avez minutieusement préparé le champ de bataille."


L'épopée des hellfighters, en cette année 1918, il y a tout juste 100 ans, est merveilleusement racontée par Thomas Saintourens. Cette épopée qui a peut être été dissimulée, ou minimisée, est enfin distillée pour la première fois, et par un journaliste.


Certes Thomas Saintourens n'est pas un historien, Historien de la grande guerre, il n'est que journaliste. Faut-il aujourd'hui exclure de l'analyse du passé ceux qui n'ont pas la bonne couleur intellectuelle et universitaire. le sujet mérite d'y revenir, je suis certain de voir émerger des vocations, les lourds tabous sont tombés.


Il est venu le temps de confirmer les lynchages perpétrés par des soldats blancs américains contre de dignes soldats noirs. La légitime défense pour un blanc est admise pour le meurtre d'un noir, portant l'uniforme qui fut le leur en France, « le revêtir cet uniforme fait de vous une cible ».


Quelques personnalités ont dominé cette épopée à commencer par le colonel Hayward à la tête des hellfighters, qui engagera comme avocat des juristes noirs de renom.
Arthur Little consignera son épopée dans the from Harlem to the rhine , il sera l'artisan des décorations, en notant au jour le jour les événements avec une précision chirurgicale, lui l'éditeur se faisait un devoir de pouvoir rendre compte heure par heure, de ce qu'il a appelé les atrocités de la guerre.


J'aimerais en dire beaucoup plus sur le héros Henry Johnson, le porteur de valise, qui fut porté en triomphe à New York, mais désigné par les plus acharnés des racistes, comme une bête sauvage, qui, parce qu'il était un monstre pouvait mettre en déroute l'armée allemande !


Au total 170 hellfighters seront décorés de la croix de Guerre.
Bien d'autres protagonistes sont décrits avec beaucoup de verve et notamment ceux qui par leurs chants et par le jazz galvanisaient les troupes.

Un homme se distingua par le plus abject des comportements, le général Pershing. Il mit toute son énergie pour salir la réputation des rattlers, ridiculisant les témoignages des généraux français charmés par ses nègros. Grand ordonnateur de l'AEF, il dictera au lieutenant-colonel Linar une directive ségrégationniste, qui sera balayée par le général Vidalon.

Le général des armées américaines ira jusqu'à déstabiliser les officiers noirs des hellfighters, en les remplaçant par des officiers blancs.

C'est un récit palpitant, qui est proposé par Thomas Saintourens, des textes qui ne manquent pas d'humour et qui rappelle des textes de Blaise Cendrars.
Ne laissez pas ces menhirs vivants de l'histoire devenir des pierres tombales dans nos bibliothèques calfeutrées.


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