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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Usagi Yojimbo Vol.25 (épisodes 111 à 116) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 117 à 123, initialement parus en 2009, écrits, dessinés et encrés par Stan Sakai. Il s'agit d'une série en noir & blanc. le tome (en VO) comprend une introduction écrite par Walter Simonson qui explique à quel point Stan Sakai est entièrement dévoué à raconter son histoire, sans chercher à épater le lecteur par des visuels époustouflants, ou des revirements de situation étourdissants.

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- Traitors of the earth - 300 ans avant l'époque d'Usagi Yojimbo, il y eut une grande bataille entre les armées du seigneur Miyake et du seigneur Hayashi, à proximité de la rivière Mazé. le sang des soldats coula et abreuva la plaine. Au temps présent du récit, Kitsune donne une représentation de rue, avec ses toupies et son éventail. Elle croise un malandrin à l'hygiène corporelle douteuse qui lui propose de le retrouver à l'auberge le soir, après qu'il ait conclu une affaire juteuse. Kitsune lui répond gentiment et en profite pour lui subtiliser sa bourse qui ne contient qu'un simple netsuke (une petite amulette) qu'elle montre à Kiyoko, sa jeune protégée. Plus tard, la troupe de malandrins est de retour et agresse Kitsune pour récupérer leur bien ; heureusement Miyamoto Usagi est non loin de là. Dans la région Sasuké, le tueur de démons, achève de neutraliser un spectre récalcitrant.

Régulièrement, Stan Sakai intègre à l'une de ses histoires un élément surnaturel, qu'il s'agisse d'un esprit hantant les vivants, d'une créature démoniaque tourmentant les innocents ou d'autres manifestations spectrales. le présent récit s'étend sur 3 épisodes, et débute avec un prologue historique sur une bataille, avec une explication de la tactique employée par chacun des 2 camps, ainsi que la phase principale de l'affrontement en seulement 7 pages. le lecteur reconnaît bien là l'habileté narrative de l'auteur. Les dessins montrent clairement l'environnement qui va devenir le champ de bataille, ainsi que les armées en place, et les combats au corps à corps. Il retrouve avec plaisir Kitsune et Kiyoko, la première étant toujours aussi charmante et toujours aussi prompte à détrousser les gogos. le lecteur sourit franchement en voyant avec quelle facilité elle dérobe la bourse de ce brigand trop condescendant.

Puis le surnaturel prend le dessus dans le récit. L'histoire offre de nombreuses scènes spectaculaires : l'attaque de Kitsune par les brigands dans les rues de la ville, la manifestation de la sorcellerie d'Hatakeyama (celui qui veut récupérer le netsuke), la montée d'un escalier monumental en pleine forêt, la réanimation des cadavres des soldats en zombies obéissant, les mouvements de 2 lions de pierre ayant acquis un semblant de vie. Stan Sakai raconte une histoire complète en 3 épisodes, entremêlant la personnalité de Kitsune et celle d'Hatakeyama, une bataille historique, et le mystère relatif au netsuké. le lecteur reste quand même décontenancé par la part prise par la magie, à commencer par les zombies, mais aussi le combat entre les 2 sorciers Hatakeyama et Sasuké (apparu pour la première fois dans l'histoire Kumo, voir Demon Mask) qui finit par ressembler à un combat de Doctor Strange avec projections d'énergie magique. 4 étoiles.

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- What the little thief heard - Alors qu'elle s'était cachée dans un temple désaffecté pour échapper aux gendarmes après avoir volé à l'étalage, Kiyoko a entendu 2 conspirateurs conclure un contrat pour l'assassinat d'un notable. Elle revient auprès de Miyamoto Usagi qui est au chevet de Kitsune et lui raconte ce qu'elle a entendu. Il décide d'aller prévenir le notable.

Kitsune ayant été blessée au cours des épisodes précédents, Miyamoto fait une halte dans une ville et veille sur elle. le lecteur sourit en voyant qu'il a bien du mal à se faire aux habitudes de Kiyoko qui chaparde tout ce dont elle a besoin, et qui conçoit qu'échapper aux gendarmes constitue un jeu. Cet épisode est également l'occasion de rappeler qu'Usagi obéit à un code de l'honneur qui lui enjoint de prévenir le marchand Motooka du contrat qui a été passé sur sa tête, même s'il n'a rien à y gagner. Comme d'habitude, les des dessins de Stan Sakai raconte l'histoire avec conviction et permettent au lecteur de se projeter dans les rues de la ville, dans les intérieurs des maisons, tout en conservant une lisibilité immédiate et une grande expressivité des visages. le motif du commanditaire de l'assassinat n'a rien d'enfantin et le lecteur peut y également y voir un commentaire sur l'injustice de morale de la naissance, entre les bien nés et ceux qui doivent se battre pour gagner leur place. 5 étoiles.

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- One dark and stormy night - Miyamoto Usagi passe une nuit dans une maison au milieu des bois où ne se trouve que la maîtresse de maison, son mari étant absent.

En 6 pages (et en couleurs), Stan Sakai raconte une histoire dont il a le secret, avec une maison isolée, une jeune femme magnifique au comportement étrange (= un mystère), une mise en danger du héros, et une résolution en bonne et due forme. Il trouve encore le moyen d'intégrer une apparition du couple de coupeurs de bois qui ont bien vieilli. Un bijou d'efficience narrative. 5 étoiles.

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- The hidden fortress - Au cours d'un de ses vagabondages, Miyamoto Usagi découvre de nombreux cadavres dans une clairière, morts pendant un affrontement entre 2 bandes. Il prend en charge Hiroto, seul survivant, blessé à la jambe. Ce dernier lui explique qu'il faisait partie d'un groupe de chasseurs de prime à la recherche de Toshi, le chef d'une bande organisée. Il demande à Usagi de l'accompagner jusqu'à une hutte de paysans pour qu'il puisse soigner sa jambe.

Le point de départ du récit et son développement sortent du schéma habituel des récits d'Usagi, malgré leur diversité. À nouveau les dessins rendent admirablement bien compte de l'environnement de la forêt, de la présence des arbres, des clairières et de la retraite aménagée dans cette région, et ce malgré leur apparence simpliste. L'artiste sait montrer l'organisation du camp au travers des images pour que le lecteur puisse croire à son existence, à nouveau indépendamment de l'apparence simpliste des dessins. L'intrigue place Usagi dans une position un peu différente de d'habitude et la résolution ne repose pas sur ses prouesses au sabre, voire elle nécessite un niveau de chance assez élevée pour lui. 4 étoiles.

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- A place to stay - Face à un groupe de brigands, Miyamoto Usagi doit prendre la fuite. Blessé, il trouve refuge dans la hutte isolée d'une famille de paysans dont la fille lui prodigue des soins. Mais en ville, les brigands sont à la recherche d'Usagi et obtiennent un indice sur sa localisation auprès d'un des vendeurs sur le marché.

Après une histoire inhabituelle, Stan Sakai continue sur lancée et montre son héros blessé et incapable de tenir debout, devant son salut à la gentillesse d'un couple pauvre et de leur fille attentionnée. le lecteur peut voir le dénuement dans lequel ils vivent, la hutte avec une pièce unique, et le peu de possessions. Par la suite le lecteur regarde la maigreur des produits au marché, proposés sur des tapis à même le sol. Les 2 scènes d'affrontements physiques bénéficient d'un plan de prise de vue qui en assure la lisibilité et qui en fait ressortir la violence, même si les dessins ne montrent pas les blessures. Dans cette histoire, Miyamoto Usagi se retrouve dans une position où son sens de l'honneur et son sens moral sont mis à l'épreuve, entre sa propre survie et le danger que sa présence fait courir aux paysans, dans un dilemme aussi limpide que sophistiqué. 5 étoiles.

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- The death of Lord Hijiki - Dans une autre ville, Miyamoto Usagi croise Masaki, un ancien vassal du seigneur Mifune, comme le fut Usagi. Masaki lui explique qu'avec Kenta (un autre vassal) ils sont décidés à venger la mort du seigneur Mifune en assassinant le seigneur Hikiji qui doit venir à un temple à l'écart le lendemain matin. C'est une occasion en or, et il demande à Usagi de se joindre à eux, comme l'honneur lui commande.

Satan Saki met à nouveau à l'épreuve le code moral de son personnage. Dans le cours du récit, Miyamoto Usagi rappelle à Masaki que le seigneur Mifune lui-même avait demandé à ses vassaux de ne pas se sacrifier pour lui. Au final, qu'est-ce qui a le plus d'importance : continuer à vivre ou accomplir son devoir ? Comme toujours arrivé à la fin du récit, le lecteur a du mal à croire que l'auteur ait ainsi pu l'emmener dans un questionnement porté par une aventure, simplement avec des personnages ayant vaguement une tête d'animal, et seulement 4 doigts à la main. Walter Simonson a pleinement raison dans son introduction quand il souligne que chaque trait, chaque case, chaque parole est entièrement au service de raconter l'histoire. le lecteur peut aussi interpréter ce récit comme une réponse au questionnement présent dans le récit classique 47 ronin, adapté par Mike Richardson et Stan Sakai.
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