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Critique de jamiK


Coup de coeur !

Couverture magnifique : Un petit garçon qui porte un pull comme on en portait dans les années 70 (j'avais presque le même) se tiend devant un grand carré blanc qui ouvre sur la lumière, avec le portrait d'un homme au milieu, des fleurs psychédéliques en premier plan, dans une frénésie de couleurs et en arrière plan, un sous-bois inquiétant, noir et bleu.

Le contenu est à l'image de cette couverture, très coloré, avec une ambiance lourde, tourné vers le passé. Une histoire qui porte une charge symbolique pour parler de choses difficile à exprimer.

David Sala nous parle de son enfance, dans les années 70, de sa famille, de ses origines, de ses deux grands-pères. C'étaient des Espagnols qui avaient fui le régime de Franco à la fin de la guerre civile espagnole. On va revenir sur cette époque, la fuite, puis la guerre mondiale, l'un survivra aux camps de concentrations, l'autre entrera dans la résistance, tous deux échapperont de peu à la mort. Les héros, ce sont eux.

David Sala aborde un thème très difficile : les origines, l'identité, l'héritage culturel et familial, le déracinement. Pour les descendants de ces personnages qui ont un vécu très chargé, il est difficile de se définir, de s'assumer dans le confort relatif de la France. On revient surtout sur les années 70, période de la mort de l'ancien résistant, période d'une certaine prise de conscience de l'enfant. Tout est traité en pudeur, le passage héroïque de la fuite sous les balles allemandes n'insiste pas sur l'exploit, mais nous laisse ressentir le poids d'un tel acte, celui du destin qui s'est imposé, sur un fil ténu, celui d'avoir une descendance, un famille, plutôt qu'une mort sordide et oubliée.

Le traitement est autant graphique que narratif, David Sala nous propose de vraies peintures, des compositions qui le mettent face à ce défi, des illustrations d'une grande intensité, aux couleurs posées avec conviction, en pâte, en contrastes agressifs. Il nous raconte des anecdotes simples, mais lourdes de sens, de conséquences.

Le déracinement est toujours présent dans l'esprit de leurs descendants, comme une déchirure qui ne peut se refermer. David Sala explique que c'est la raison qui l'a amené à la création, le résultat s'impose. Ce livre amène à comprendre le dilemme qu'ils doivent vivre, un thème universel, c'est une claque à ceux qui prétendent “qu'ils doivent s'adapter à notre façon de vivre”, c'est le besoin de s'attacher aux héros, ceux qui ont pris d'énormes risques et qui s'en sont sorti, en sacrifiant une part de leur identité, une part qui manquera toujours aux générations qui suivent. Cette manière de traiter un sujet aussi complexe est magistrale, les mots ne suffisent pas alors il faut s'exprimer par des couleurs, des images, c'est presque du surréalisme, le ressenti avant l'anecdote.

Et ça m'a touché, bouleversé, c'est très fort.
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