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Critique de Cigale17


L'aspect autobiographique s'affirme d'emblée. Ce roman graphique, dédié aux grands-pères de David Sala, raconte une partie de l'histoire de ces deux républicains espagnols et témoigne à la première personne du Poids des héros sur la vie de l'artiste. Son grand-père maternel, Antonio Soto de Torrado, a fui l'Espagne de Franco et rejoint clandestinement la France. Après un passage au camp d'Argelès-sur-Mer, il est incorporé puis il combat à Dunkerque. Fait prisonnier, il sera déporté à Mauthausen dont il sortira vivant. Vieillissant, très malade, il se refuse à mourir avant Franco ! Si le parcours du grand-père paternel, Josep Sala, ressemble à celui de Antonio, il ne subira pourtant pas le même sort, car il réussit à rejoindre le maquis. David raconte ses grands-parents, ses parents, son enfance, l'école, les copains, un terrible fait divers, l'adolescence, l'école de dessin, ses débuts de Bédéiste, le passage à l'âge adulte, et toujours reviennent les souvenirs des deux grands-pères, le grand-père maternel occupant la plus grande place…
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Les décors et les éléments réalistes des années 70 (les papiers peints, la blouse de la grand-mère !) alternent avec des paysages issus de l'imaginaire de David enfant, par exemple quand il se représente la fuite de Antonio volant à cheval au-dessus des Pyrénées. Même si l'enfance est souvent représentée comme un magnifique jardin empli de fleurs de toutes le couleurs et de toutes les tailles, à tout âge, le poids des générations passées et la force des souvenirs suscitent parfois chez David questions, reconnaissance et rancune, révolte et colère. Des aplats de rouge servent d'arrière-plans aux images où règne la violence. Plus David avance en âge, plus les couleurs respectent le réel et deviennent plus sombres, sauf quand on replonge dans l'imaginaire de l'enfant. le Poids des héros m'a semblé rempli de clins d'oeil à des mouvements picturaux et à de nombreux peintres : Van Gogh (les deux cases de la page 6, entre autres), Chagall (le cheval volant et les paysages de nuit en général), Magritte avec la colombe qu'on retrouve plusieurs fois, Schiele et Munch pour les représentations des camps, Klimt (la petite fée) et beaucoup d'autres qu'il serait fastidieux de tous énumérer, sans compter ceux que je n'ai pas reconnus… David Sala s'appliquera, comme l'avaient fait ses propres parents, à transmettre le passé, aussi douloureux et dramatique soit-il, à sa propre fille, une transmission habilement réifiée par le tableau, lui aussi rescapé. Je voudrais signaler les pages 156-157 qui m'ont bouleversée par leur force de suggestion pour exprimer le deuil, l'absence, le vide et le désarroi. À peu de détails près, la table de travail représentée sur la dernière double-page aurait pu être la mienne à la même époque… Un magnifique album qui touche à l'essentiel !
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