Je suis né sous un grand ciel saccagé
et aujourd'hui
de loin
ma nostalgie se lève face à la soif de la terre.
Pour sécher son amertume
je l'étends sur une chaise
et j'écoute son squelette craquer
comme un vieux pont
qui ne supporte plus le trot des troupeaux.
Ma nuit est de sable sur une table de verre.
J’ai sur moi l’odeur de l’exil
ma demeure d’argile est bien-là
sans jardin,
sans forêt ni palmier.
Mon ciel est un fleuve inversé
et mes mots naviguent
au-dessus d’un pays lointain
où les hommes cherchent la direction du jour.
Je courais pendant toutes ces nuits
jusqu’à museler les sentiments et presser le nuage
Cela apaisa mon esprit.
Ma vie, béante, livrée aux vagues sans retour, encore ?
Et ta vie à toi
de quoi rêvait-elle ?
Parfois je déambule dans une ville
dont les habitants ne voyagent pas
une ville sans limites
sans désir
sans rêve
Pour elle, mes traits se dessinent
et s'effacent
comme ces fleurs fanées
déposées plus haut que la solitude du lit de l'exil.
Puis je m'assieds
pour la contempler à satiété jusqu'aux larmes.
Je suis venu d'îles sans ciel
Cernées par des sables
Des pas, des traces de guerriers
Et des bateaux qui se noient...
La page est déjà dans le froid
la sève du vent
la sève
la sève et le mot
envahissent le jour
comme l’usure de l’horloge
Ma vie, béante, livrée aux vagues sans retour, encore ?
Et ta vie à toi
de quoi rêvait-elle ?
(Miroir inversé)