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Critique de MicheleP


Venue aux aventures du commissaire Sarfati à partir d'Une guerre de génie, de héros et de lâches (sur la guerre d'Algérie), qui ne m'avait qu'à demi plu, je découvre ici un thriller "ésotérique" de qualité, à l'opposé de toute la génération initiée par Da Vinci code.
Les commissaires de police, dans la littérature, sont souvent écrivains ou poètes, et en général, je les aime désabusés et ivrognes, comme ceux à qui les Padura et les Izzo nous ont habitués. le commissaire Sarfati est d'une autre trempe, érudit islamologue, philosophe, tout en élégance et en finesse, on se demande ce qu'il fait dans la police (lui aussi d'ailleurs). Car il s'agit ici, en effet, et c'est la grande originalité de l'ouvrage, d'un ésotérisme musulman. Qu'on en juge : il ne s'agit pas moins que du testament de Mahomet, retrouvé par hasard au Mali. Vrai ou faux, Sarfati ne se prononcera pas, au final, mais le sujet est prétexte à un éblouissant exposé sur l'Islam, ses beautes, sa générosité, sa poésie (pour Sarfati, Mahomet est le plus grand poète de tous les temps) et aussi ses dérives et son détournement à des fins politiques. Un exposé sur les origines juives et chrétiennes de l'enseignement du prophète, sur les mouvances religieuses du moyen Orient de l'époque, sur les trois religions monothéistes, leur violence intrinsèques, et la façon dont l'enseignement des prophètes est figé et dénaturé à des fins politiques par les suiveurs. Un exposé de géopolotique, aussi, sur les responsabilités des USA et du pétrole dans les dérives actuelles.
Mais qu'on ne s'imagine pas que l'ouvrage est un lourd pavé soporifique (plus de 600p.). C'est un vrai roman d'action, où s'enchaînent les meurtres atroces et les coup de théatre, où le moindre personnage a l'épaisseur de ses ambigüités (citons, en particulier, Benazir, la belle espionne paquistanaise et Ali, le jeune saint adolescent). Un hymne, enfin, à la beauté des femmes très brunes !
Au total, un livre fascinant, très riche, où l'on ne s'ennuie jamais malgré les abondantes digression (voire grâce à elles).
Barouk Salamé est paraît-il un érudit philosophe islamologue qui écrit sous pseudo ; dans son dernier livre (Une guerre de génies...), il laisse entendre qu'il est d'origine juive algérienne, d'une famille proche du PCA - mais on sait ce que valent les confidences faites sous pseudo. En tout cas, chapeau l'artiste, érudit sans aucun doute, mais surtout excellent romancier.
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