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Critique de Matatoune


Alexis Salatko raconte la vie de Jules Dassin à travers le récit de la journée anniversaire de la de mort de son fils, Jo Dassin, le 20 août 1981. Alors, chaque année le 20 août, le narrateur décrit, comme un journal, sa vie de cinéaste, celle de sa première femme Béatrice Launer, violoniste réputée, puis la naissance de leur famille avec Joe, l'aîné, etc.

En chapitres courts, Alexis Salatko brosse les dégâts du maccarthysme dans le Hollywood des années cinquante et la faille dans la vie de Jules. Puis arrive la rencontre avec la fulgurante Melina Merouri, son divorce et son remariage. Parallèlement, Joe grandit et découvre ses combats mais aussi ses addictions, jusqu'à sa mort.

Évidemment, le fonds documentaire est fourni et richement mis en scène. Mais, au-delà des vies d'artistes, Alexis Salatko raconte la relation particulière d'un père originaire d'Odessa essayant de se faire reconnaître par sa patrie d'adoption et qui incarne difficilement son rôle de père. Les rendez-vous manqués sont autant de pierres qui pèseront dans la vie du fils.

Alors, lorsqu'à son tour, Joe découvre qu'il rencontre du succès, il ne saura jamais si celui-ci n'est pas dû à la notoriété de son père. Un père si absent qu'il en est omniprésent dans une chanson de son fils: ” L'Amérique, L'Amérique si c'est un rêve, je veux rêver “, lui, l'américain à part entière.

“Joulius”, comme le dit Melina, est un homme trop préoccupé par sa propre reconnaissance, fils de barbier de Harlem, qui ne parle jamais de ses blessures et de ses difficultés à vivre son exil d'Odessa.

Puis apparaît la personnalité de Melina. Jeune, elle était une bimbo bouillonnante. Malgré l'acharnement de Jules, il sera difficile que son métier de comédien vienne combler toutes ses envies. le portrait qu'en fait Alexis Salatko est attachant faisant ressortir les enjeux entre conscience politique et carrière artistique.

Alexis Salakto réussit parfaitement à montrer les failles de Joe. Il le présente comme un artiste à la conscience sociale affirmée, mais qui voulait soigner son manque de confiance par un perfectionnisme intransigeant. Joe voulait lui aussi réussir pour être reconnu par son père mais voulant vivre une vie, à pêcher et taper dans une balle blanche et dormir dans des lieux inconnus.

Le roman, Jules et Joe, est très réussi se lisant aisément et avec intelligence narrative, transporte de l'industrie cinématographique d'Hollywwod au milieu artistique français en passant par la dictature grecque. Mais, surtout, Alexis Salaktos en profite pour disséquer les conséquences, souvent invisibles, de l'exil. Un roman très agréable !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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