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Le père et le fils parti trop tôt

Dans «Jules et Joe» Alexis Salatko retrace les vies du cinéaste Jules Dassin, de son épouse Melina Mercouri et de leur fils, le chanteur Joe Dassin. L'occasion de revenir sur trois carrières exceptionnelles, mais aussi de retraverser le XXe siècle et de plonger dans une intimité où les bonheurs se mêlent aux regrets.

Le chapitre initial de cet émouvant roman se déroule en août 1981 et raconte le pèlerinage de Jules Dassin sur la tombe de son fils Joe. Dans ce Forever Cemetery de Los Angeles, la stèle funéraire indique sobrement «5 NOVEMBRE 1938-20 AOÛT 1980». Quelques objets ont été déposé par des admirateurs et viennent rappeler à cet homme meurtri qu'il n'est pas seul avec sa peine.
Après cette ouverture, Alexis Salatko revient à la chronologie et retrace les débuts new-yorkais de l'émigré Jules Dassin. Nous sommes en 1938. le jeune homme est «acteur-ouvreur-chaisier dans un théâtre yiddish populaire en alternance avec ses camarades Nicholas Ray, Joseph Losey, Elia Kazan, Edward Dmytryk, tous fils de déracinés comme lui.»
Son épouse, Béa Launer, émigrée tout comme lui, est violoniste. Pour l'heure, elle répète avec un ventre bien rond. Dans quelques jours, elle mettra au monde Joseph Ira qui passera à la postérité sous le diminutif de Joe.
Mais en cette période de montée des tensions, il faut d'abord penser à survivre, car la crise s'installe durablement.
La solution viendra de Californie et des studios d'Hollywood où Jules finit par trouver du travail. Il sera l'assistant du grand Alfred Hitchcock avant de se voir proposer un premier contrat par la MGM. Après des films de commande, il est engagé chez Universal et réalise deux films qui seront modifiés par la production. Il rejoint alors la Fox et réalise son premier grand film, Les Forbans de la nuit, «oeuvre surgie du chaos, qui deviendra pourtant un classique du film noir.» Malgré les heures sombres et la Guerre, son avenir semble tout tracé. Mais c'est oublier le sénateur McCarthy et sa chasse aux communistes. Jules est contraint de s'exiler. Il va d'abord retrouver Hitchcock en Angleterre. «Après Londres, ce fut Rome et, après Rome, Genève puis Paris.» Période mouvementée qui va contraindre Jo et ses soeurs à changer onze fois d'école. Jules était traqué et menacé, mais pouvait poursuivre sa carrière de cinéaste en Europe. C'est en 1955 avec du rififi chez les hommes, Prix de la mise en scène à Cannes, qu'il obtiendra la reconnaissance de ses pairs et fera la rencontre de la flamboyante Melina Mercouri. «Entre la déesse grecque aux yeux d'or et le réalisateur slave aux yeux bleus, c'était désormais à la vie à la mort. (...) Chiffres en main, elle lui avait expliqué qu'ils étaient prédestinés: ils s'étaient rencontrés un 18 mai, il était né un 18 décembre et elle, un 18 octobre, bref c'était inscrit dans les astres, les dieux s'étaient manifestés, ils n'y pouvaient rien, le destin avait frappé.»
Il quitte Béa, amadoue son fils en lui trouvant un rôle dans son nouveau film aux côtés de Melina et marche vers la gloire.
Avec Jamais le dimanche et sa chanson qui fera le tour du monde et obtiendra un Oscar, Les enfants du Pirée, Melina décroche le Prix d'interprétation féminine à Cannes. «Devant l'entrée des cinémas qui affichent DASSIN-MERCOURI, LE DUO DU SIÈCLE en lettres géantes, il y a de quoi perdre la raison, c'est humain. Nous nous laissâmes délicieusement submerger par ce tsunami d'honneurs et d'émotions.»
Le paradoxe veut que ce soit aussi durant cette époque grecque que Joe, qui s'est longtemps cherché, va trouver sa voie, sa femme, quelques amis fidèles. Finie les apparitions dans les films de son père, il est désormais un chanteur adulé qui voit les succès s'empiler. Mais pour le fils de Jules, cette gloire ne vient couronner qu'un art mineur.
Si le roman est parfaitement documenté et court sur tout le XXe siècle, ou presque,
Alexis Salatko choisit de le centrer sur les rapports père-fils. Il donne ainsi à ces trois biographies – celles de Jules, Joe et Melina – l'aspect d'une quête intime. Et touche au coeur. Pour cela, il n'a pas besoin de s'embarrasser de fioritures ou de grandes envolées lyriques. Les faits, racontés dans un style classique et limpide, suffisant à dire la douleur d'un père, ce sentiment de culpabilité qui l'habite désormais. Nous sommes alors bien loin de l'hagiographie ou de livre pour les inconditionnels du chanteur des Champs-Élysées, de l'Amérique ou de L'été indien, mais bien plus proches de la tragédie… grecque.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


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Quelque chose me plaisait dans cette histoire, quelque chose susceptible de me toucher. Cinéphile invétéré j'aime beaucoup certains films de Jules Dassin, surtout sa trilogie noire des fifties La cité sans voiles, Les forbans de la nuit, Les bas-fonds de Frisco, fabuleuse. Son fils Joe, chanteur à succès, m'a toujours semblé beaucoup moins lisse que l'image que le public avait de lui. Citoyen américain il avait peut-être l'étoffe d'un folksinger comme je les aime. Mais ce qui m'attirait c'était surtout le rapport père-fils, sachant que les deux s'étaient finalement assez peu rencontrés toutes ces années. Se connaissaient-ils vraiment? Question valable pour le commun des mortels, dont manifestement n'étaient pas nos deux personnages mais j'y reviens.

J'ai apprécié l'an dernier La dernière enquête de Dino BuzzatiAlexis Salatko rendait un modeste mais subtil hommage à l'auteur du Désert. Son talent n'est pas vraiment en cause. Voilà la vérité. Ni Jules ni Joe ne m'ont ému ou touché au long de cette longue confidence du père, Jules Dassin, enfant d'immigrés juifs ukrainiens (il semblerait que le nom Dassin vienne d'Odessa, ces choses étaient monnaie courante à Ellis Island). Il y évoque par bribes son entrée dans le monde du cinéma, assistant d'Hitchcock, ses premiers films, son mariage et ses trois enfants dont un garçon, Joe, l'aîné, qu'il verra grandir en partie puis de loin en loin. Joe ne prend jamais la prole dans ce récit mais Jules en parle, presque comme d'un cousin éloigné sur lequel il est très critique. Etudes de Joe, premier démons, comme tout le monde, et dépendance ultra-rapide, comme beaucoup. Et dire que ctte génération se croyait rebelle. Chimères.

Et puis le maccarthysme tient une grande place bien sûr, Dassin en ayant été une des principales victimes. Sur ce sujet de la chasse aux sorcières j'ai déjà eu l'occasion de dire ma circonspection. Mais c'est la diva Melina Mercouri qui m'a laissé l'impression la plus désagréable. Une icône, une diva. Justement là encore je me méfie des divas et des icônes. Un peu intouchable, il est vrai qu'elle fut une grande résistante au régime des colonels, menacée dans sa vie même, puis devenue une institution à l'égal du Parthénon. Ca ne suffit pas à m'émouvoir, encore moins à m'envoûter. Peu enclins à la modestie père, fils et belle-mère n'ont pas tardé à susciter mon ennui, peut-être pas vierge de toute mauvaise foi. Je me suis octroyé depuis bien longtemps le droit à une touche raisonnable de ce sentiment bien pratique.

Nous en resterons là, aux grands films de Jules, ce qui n'est pas si mal.Aux gentilles ballades de Joe, souvent des standards du folk adaptés en français, au moins au début. Quand même déçu par Jules et Joe.
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Alexis Salatko raconte la vie de Jules Dassin à travers le récit de la journée anniversaire de la de mort de son fils, Jo Dassin, le 20 août 1981. Alors, chaque année le 20 août, le narrateur décrit, comme un journal, sa vie de cinéaste, celle de sa première femme Béatrice Launer, violoniste réputée, puis la naissance de leur famille avec Joe, l'aîné, etc.

En chapitres courts, Alexis Salatko brosse les dégâts du maccarthysme dans le Hollywood des années cinquante et la faille dans la vie de Jules. Puis arrive la rencontre avec la fulgurante Melina Merouri, son divorce et son remariage. Parallèlement, Joe grandit et découvre ses combats mais aussi ses addictions, jusqu'à sa mort.

Évidemment, le fonds documentaire est fourni et richement mis en scène. Mais, au-delà des vies d'artistes, Alexis Salatko raconte la relation particulière d'un père originaire d'Odessa essayant de se faire reconnaître par sa patrie d'adoption et qui incarne difficilement son rôle de père. Les rendez-vous manqués sont autant de pierres qui pèseront dans la vie du fils.

Alors, lorsqu'à son tour, Joe découvre qu'il rencontre du succès, il ne saura jamais si celui-ci n'est pas dû à la notoriété de son père. Un père si absent qu'il en est omniprésent dans une chanson de son fils: ” L'Amérique, L'Amérique si c'est un rêve, je veux rêver “, lui, l'américain à part entière.

“Joulius”, comme le dit Melina, est un homme trop préoccupé par sa propre reconnaissance, fils de barbier de Harlem, qui ne parle jamais de ses blessures et de ses difficultés à vivre son exil d'Odessa.

Puis apparaît la personnalité de Melina. Jeune, elle était une bimbo bouillonnante. Malgré l'acharnement de Jules, il sera difficile que son métier de comédien vienne combler toutes ses envies. le portrait qu'en fait Alexis Salatko est attachant faisant ressortir les enjeux entre conscience politique et carrière artistique.

Alexis Salakto réussit parfaitement à montrer les failles de Joe. Il le présente comme un artiste à la conscience sociale affirmée, mais qui voulait soigner son manque de confiance par un perfectionnisme intransigeant. Joe voulait lui aussi réussir pour être reconnu par son père mais voulant vivre une vie, à pêcher et taper dans une balle blanche et dormir dans des lieux inconnus.

Le roman, Jules et Joe, est très réussi se lisant aisément et avec intelligence narrative, transporte de l'industrie cinématographique d'Hollywwod au milieu artistique français en passant par la dictature grecque. Mais, surtout, Alexis Salaktos en profite pour disséquer les conséquences, souvent invisibles, de l'exil. Un roman très agréable !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Jusqu'à présent j'avais beaucoup aimé les livres d'Alexis Salatko : "Tube, La fille qui hurle sur l'affiche, China et la grande fabrique ,Un fauteuil au bord du vide.".. Mais j'ai été déçu par celui ci. Certes l'écriture est agréable et les alea des relations père/fils et la douleur du deuil quand le fils part avant le père sont étudiés finement. le livre est aussi habité par les personnages célèbres et quelques événements marquants de la fin du 20ème siècle
Mais raconter la carrière cinématographique de Jules Dassin, ses amours avec Melina Mercouri , et la vie trop brève de Joe Dassin son fils , cela ne me parait faire un roman .
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Tout est bien propre, bien écrit, à sa place, une double bio pour retracer la vie des Dassin. L'ambition de l'auteur de romancer le tout demande une appropriation de ses personnages qu'il laisse à d'autres, car lui il suit l'histoire. Tout l'intérêt de cette relation père/fils est dans le titre. Ensuite, rien ou quasi rien. de mini paragraphes sensés nous faire partager les sentiments de Jules ne suffisent pas à combler cette absence ! Dommage, il y a là un vrai sujet !
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Jules et JoeAlexis Salatko




Alexis Salatko d'origine Ukrainienne est né à Suresne en 1959. 

D'abord co scénariste avec Roman Polanski. Il devient journaliste dans les années 80/90, notamment pour Ouest France.

Auteur de romans et de biographie, il a reçu plusieurs prix.


Dans ce récit romancé il retrace les vies de Jules et Joe Dassin

Il propose une trame originale où chaque chapitre retrace un vingt août, jour de la mort du fils, de 1938 à 1981. L'auteur alterne le récit et des bribes de pensées de Jules qui a le sentiment que le lien avec son fils s'est délité.


C'est le grand père, juif d'Odessa, qui va être rebaptisé Dassin suite à une erreur de compréhension du service des douanes américaines qui a fait un amalgame avec la ville d'origine.


Issus du Bronx, Jules a eu des débuts difficiles dans le monde du cinéma. Carté communiste puis déçu lors de l'alliance avec l'Allemagne Nazi, il devra partir lors des purges du Mc Cartysme. Perpétuel exilé il le restera puisque sa deuxième compagne, Mélina Mercouri, petite fille de l'ancien maire de Athènes et actrice, sera interdite de séjour en Grèce suite au putsch des colonels. 


L'auteur nous propose un voyage à travers le temps, à l'âge d'or du cinéma. Nous naviguons entre Hollywood, Londres, Paris. Il évoque les grands noms de l'époque. Hitchcock, Richard Widmark, Gene Tierney, Daryl Zanuck, Burt Lancaster, Françoise Sagan, Fernandel, Peter Ustinov, Costa-Gavras. La rencontre de Jules avec Mélina Mercouri, est un tournant et sa carrière est à son apogée. Cette femme fantasque à la parole libre, l'influence. Elle milite et rêve d'une Grèce Libre.


Outre la carrière de Jules, nous découvrons au fil des pages un père aimant mais absent. Il veut donner le meilleur à ses enfants et il passe à côté d'eux. Il s'avère qu'il ne s'est jamais trouvé avec Joe. Ce dernier a brûlé la vie par les deux bouts. Éternel insatisfait de son travail et cherchant sa place. 


C'est un livre nostalgique, sur des rendez-vous ratés entre un père et son fils. Mais l'auteur évoque, aussi la situation des sympathisants communistes aux États-Unis dans les années 50. de nombreuses personnalités du 7e art ont été empêchées de travailler, voire inquiétées ou exilées. C'est aussi un livre qui évoque les convictions de gauche du réalisateur et le militantisme de sa conjointe qui est devenu ministre de la Culture en Grèce. 


J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre qui est surtout un livre sur Jules Dassin.


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Quand un père vient se recueillir sur la tombe de… son fils. Cette chronologie-là n'est pas la plus courante, chacun en conviendra. C'est tout ce qui a conduit à sa réalité que nous raconte Alexis Salatko dans son roman « Jules et Joe ». On découvre, sous cette plume toujours aussi agréable, les existences très mouvementées du clan Dassin (Jules, Joe, Mélina Mercuri, et de tous ceux qui ont gravité autour d'eux. le monde du spectacle y est décrit avec ce qu'en retient de lui la vox populi : alcool, drogue, sexe. Mais, au milieu de tout cela, il y a la relation impossible entre un père et un fils qui ne font que se croiser, sans jamais véritablement se trouver. Des vies trépidantes, sans doute, mais quid de la VIE dans tout ça ? Pas de pathos dans ce roman/récit, mais beaucoup de sensibilités. A découvrir.
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J'ai bien aimé me plonger dans la vie de Jules et Joe Dassin.
Tout les 20 août Jules Dassin évoque la vie trop brève de Joe terrassé par une crise cardiaque a 41 ans.
On apprend beaucoup sur Jules, sur la maman de Joe Béatrice Launer, sur Mélina Mercouri...
Ça se lit très bien, les chapitres sont courts et les protagonistes de ce roman sont passionnants.
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Jules et Joe. Joe et Jules. Dans la famille Dassin, je demande le fils.

A la mort de son fils, Jules décide de raconter chaque 20 août vécu par son fils. Rassemblant ses souvenirs, on découvre un Joe Dassin brillant, bosseur, flamboyant. Mais qui semble toujours insatisfait de son travail, à la recherche de quelque chose qui se dérobe sans cesse, loin de son image de chanteur pour midinettes.
Ce livre m'a permis de traverser toute une époque que je n'ai même pas connue, m'a donné envie de mener des recherches sur les protagonistes, voire de chanter (mais je vais m'abstenir). Malheureusement, tout est évoqué trop vite, cela manque de profondeur. J'aurais voulu qu'on fouille plus, qu'on gratte la surface. J'ai eu l'impression de feuilleter un vieil album photos de famille, légèrement nostalgique mais pas vraiment plongée dans leur vie.
Bref, une lecture agréable mais qui ne m'a pas bouleversée. Je suis quand même curieuse de connaître l'avis de fans de J. Dassin.
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