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Critique de elea2020


Le sujet est dur, mais je ne dirais pas pour autant "âmes sensibles s'abstenir", car dans cet échange entre deux pères meurtris, pour essayer de comprendre ce qui est arrivé à leurs enfants, pourquoi l'une a été victime de la tuerie du Bataclan, et l'autre se trouvait dans les djihadistes meurtriers, l'approche est pudique et tout en nuances. C'est d'un échange émouvant et vrai qu'il s'agit.

Le soir du 13 novembre 2015, et dans le tourbillon des jours suivants, deux familles vivent une expérience radicalement différente l'une de l'autre, tout pourrait les séparer, et pourtant, une certaine idée de l'humanité, qui ne cède devant rien, les met en présence, les rapproche, met en parallèle leur trajectoire jusqu'en ce point
fatal.

Lola Salines, jeune libraire qui adorait son métier, assiste au concert des Eagles of Death Metal (une amie avait des places, elle l'a invitée). Ses parents ne savent rien, ils seront alertés par les frères de Lola plus tard dans la nuit, quand il apparaît évident qu'elle n'en a pas réchappé.
Azdyne Amimour sait depuis longtemps que son fils est parti rejoindre Daech en Syrie, il le croit sur le front, à mille lieues d'imaginer que Samy est rentré en France via la Belgique, et se trouve parmi les tueurs.

Les deux hommes se rencontrent, décident d'échanger sur le parcours de leurs enfants, leur histoire familiale ; ils s'interrogent sur leur propre rapport à leur culture, à la religion, la politique, le voyage et les civilisations étrangères. Ils parlent d'islam, d'athéisme, de porosité aux théories du complot, ils cherchent des raisons. Ils racontent également leur engagement postérieur aux événements, ce qu'ils ont voulu, ce dont ils se sont gardés. Ils évoquent le chagrin, la perte irrémédiable, les réactions des autres, la résilience aussi.

J'ai aimé ce livre et je l'ai lu facilement : des réflexions m'ont intéressée, et vers la fin, ils évoquent des pistes pour combattre la radicalisation des jeunes, notamment des pistes pour la société. J'ai apprécié les passages dans lesquels Georges Salines évoque son athéisme, et j'ai lu avec émotion la lettre que chacun des pères adresse à l'enfant de l'autre, tout à la fin.

Il m'a manqué peut-être une qualité littéraire, je suis toujours un peu déçue par les essais ou témoignages, qui se lisent facilement, mais s'oublient ensuite. Toutefois, la démarche d'ouverture, d'altruisme, d'acceptation, reste gravée, je n'oublierai pas cette amitié qui se tisse au fil des mots, dans la sincérité, sans jugement... Puisque de ces ruines il reste les mots.
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