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Critique de isabellelemest


Le dernier roman de James Salter, au sens plein du terme car l'auteur est disparu cette année, est le regard rétrospectif jeté sur une vie, sur tout ce qui s'y est trouvé, (le titre anglais est "All that is"), amours, amitiés, passions, moments de plénitude mais aussi solitude et mélancolie.
Que reste-t-il d'une vie quand on parvient à son terme ? Juste ce que la mémoire a retenu et l'écriture préservé. Ici nous sont présentés, avec un art de l'ellipse qui est propre à James Salter, de fugitifs moments de grâce, de contemplation ou même de douleur, enserrés miraculeusement dans un réseau de circonstances casuelles, comme des pépites qui scintillent au milieu du terreau ordinaire.

Pour Philip Bowman, le héros du roman, ce sont les émotions fortes des combats de la seconde guerre mondiale et les camaraderies avec d'autres soldats, amis si proches et si vite évanouis dans l'oubli. Puis l'enthousiasme des débuts dans la vie, dans sa carrière d'assistant éditorial, dans son mariage avec Vivian, cette jeune femme si parfaite, mais issue d'une famille de propriétaires du Sud dont la culture ne coïncide pas avec la sienne, ce qui entraînera leur séparation, quand ils comprendront qu'ils n'ont rien en commun. Dès lors, de fréquentations avec écrivains et éditeurs, en rencontres amoureuses, ce qui émergera, ce sont ces temps forts des prémices d'une nouvelle liaison, qui culmine dans la première nuit d'amour et son sentiment de plénitude, d'achèvement.

Car James Salter est un peintre de l'instant, des merveilles qui sont délivrées dans d'intenses moments d'épanouissement. Parfois, en homme qui a beaucoup fréquenté ses semblables, il se laisse aller à l'anecdote et à raconter la vie des autres, une relative faiblesse du livre.
Mais quelle force dans ces évocations d'un Noël à la campagne, en pleine tempête de neige, au milieu d'hôtes inoubliables, ou d'un orage qui le rapproche de sa compagne dont la fille adolescente exerce sur lui une fascination ambiguë, ou bien d'une baignade nocturne à deux dans une mer démontée, ou encore de ce départ en train de la femme et du fils de son ami Eddins, lourd du drame à venir.

Élégance, mélancolie, éclectisme, choix de l'essentiel et mépris de l'accessoire, composent une élégie discrète qui ne s'embarrasse pas de continuité logique et saute allègrement des étapes inutiles. Ce qui reste, c'est la voix singulière d'un homme attentif à l'instant, maitre de l'évocation discrète des choses de la vie.
Lu en V.O.
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