AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Brooklyn_by_the_sea


Ceci est une fable.
Anas, professeur de Français friand du subjonctif imparfait, emménage dans un village de Provence pour soigner son cancer. Mais avec son teint bis et ses cheveux noirs, ce petit-fils de réfugiés républicains espagnols est aussitôt rejeté par le patron et les clients du café où il a eu le malheur d'entrer. Peu à peu, en raison de sa gueule de métèque, tout le village se met à fantasmer sur tous les crimes dont il est soupçonné.

Ce court récit alterne les points de vue : celui d'Anas, qui peine à comprendre ce qui lui arrive, et celui des piliers de bar, qui ne se sentent plus chez eux en France. Même si les remarques bas du front de ces derniers peuvent prêter à rire, je me suis un peu ennuyée en y retrouvant les propos de nombre de mes voisins (j'habite une ville de fafs). Reste donc l'analyse, par Anas, de cette situation qui le dépasse, et où Lydie Salvayre décortique le processus d'ignorance et de peur qui rejette toute idée d'altérité et conduit à la haine. Et ça, c'est bien très bien amené : en procédant par touches, l'auteur ne juge pas et n'impose rien, mais elle démontre comment que le populisme est devenu tolérable et respectable.

Partageant les convictions de Lydie Salvayre, j'ai apprécié cette lecture mais sans en retirer grand-chose de neuf. C'est toutefois avec plaisir que j'ai retrouvé son humour subtil, et surtout son écriture si particulière, où l'on sent combien elle s'amuse avec le vocabulaire, la grammaire, et la conjugaison ; la lire est un régal de littéraire.
Même si ce livre reste en-deça de ses autres romans, il a néanmoins l'audace d'aborder avec une fausse légèreté un sujet grave. Et c'est quand même estimable.
Commenter  J’apprécie          428



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}