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Critique de Dare


Dare
02 novembre 2010
Lorsque j'ai reçu Sortie de Route de Nathalie Salvi, j'étais en réalité en train de lire 1984 de Georges Orwell (sur lequel je me suis jetée de nouveau une fois fini Sortie de Route, d'ailleurs). Plutôt drôle, comme coïncidence, compte tenu des similitudes de certains des thèmes de ces deux livres.

Une plongée dans l'horreur de la vie entendue d'un homme médiocre, puis dans celle d'un monde idéal et dans ses déviances possibles. Une sorte de W (Georges aussi, mais Perec cette fois) amené de façon plus abrupte et moins précise. En effet, la philosophie de ce monde aussi idyllique que totalitaire (la dictature de la Paix, après celle de la Guerre d'Orwell, et celle du Sport de Perec…) et survolée plutôt qu'approfondie, et les curieux sont assez laissés sur leur faim. On entrevoit tout juste la genèse d'un tel système, et sa fin est finalement également assez floue et précipitée. Beaucoup de mystères sont laissés en l'état, ce qui laisse en bouche une impression douce amère d'inachevé. Cela tient également en partie dans le point de vue adopté qui implique forcément certaines oeillères, mais qui est privé d'un dénouement mérité sur bien des points.

Pour autant, je n'étais pas exactement fâchée de le fermer. La fin en elle-même et le message qu'elle illustre sur l'inéluctable boucle de médiocrité dans laquelle le héros, quelles que soient les épreuves qu'il traverse, s'enferme, constitue pour moi l'intérêt du livre. le message sur le totalitarisme pacifiste étant à mon sens un peu brouillon, j'ai néanmoins apprécié cette pirouette agréable, qui représente l'originalité du livre, et finalement le justifie.

Aussi n'ai-je pas été très sensible au style assez franc et brut du livre, cela peut être excusé cependant par la longueur plutôt modeste de celui-ci, et, peut-être, une volonté de traduire de façon plus abrupte de la suite d'évènements dans laquelle Monsieur Théodore est embarqué. Cela tient sans doute aussi à son statut de novella (à mi chemin entre la nouvelle et le roman) qui de par sa longueur ne permet pas de développements plus doux, ni à l'inverse d'exposer une réalité et sa cruauté avec une sobriété impeccable. Un format finalement difficile à combler, ce qui ne facilite pas la tâche à l'auteur.

Un avis plutôt mitigé sur le livre, donc, qui, si j'ai apprécié certains passages, notamment sa conclusion, me laisse tout de même une impression assez maussade.
Je le conseille néanmoins pour les adeptes de la mise en place d'univers aussi lisses qu'angoissants ; bien que courte, l'immersion dans ce thème est néanmoins faite et certains y trouveront sans doute leur bonheur.
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