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Critique de Latulu


Pour un premier roman, Peng Sheperd frappe fort
Elle livre un roman de post-apocalypse assez classique sur le fond.
Une épidémie frappe le monde, la majorité de la population perd son ombre et avec elle les souvenirs.
Dès lors, la Terre sombre dans le chaos.

Le récit est sans grande surprise sur les conséquences de cette apocalypse : les gens qui s'entre-tuent , la recherche de nourriture et de matières de première nécessité etc.
Je ne doute pas que c'est ce qui se produirait réellement si cela devait arriver, les événements récents liés à la pandémie de 2020 nous l'ont démontré.
Toutefois, c'est un peu usant de voir se répéter les mêmes schémas dans ce genre de littérature.
J'aimerais lire, au moins une fois, un point de vue où cela se passerait différemment. Comment exactement je ne sais pas, mais avis aux auteurs proposez-nous autre chose...
Mon premier livre sur le post apo était le Fléau de Stephen King. Lui-même n'avait peut-être rien inventé en la matière mais je me souviens à quel point son récit m'avait marquée. Depuis, j'ai l'impression de lire toujours la même chose.

Pourtant, ce roman réussit à se démarquer du genre.
L'originalité s'exprime à travers le traitement des protagonistes.
L'autrice donne voix à quatre personnages humanistes.
Le couple Max et Ory, d'abord reclus dans un hôtel a réussi à échapper au chaos dans la ville. Jusqu'au jour où Max perd elle aussi son ombre et finit par partir pour que son époux n'assiste pas à sa déchéance.
L'Amnésique, un homme surnommé ainsi car il a perdu la mémoire peu de temps avant tout ces évènements suite à un accident de voiture.
Et une jeune archère, issue de l'immigration et qui était venue s'installer à Boston pour participer au Jeux Olympiques.
Ces différents points de vue permettent de comprendre comment l'épidémie a commencé, ce qui s'est passé dans les villes et comment la survie s'organise sur les différents territoires.

Le récit tourne autour de la mémoire et de l'identité en mettant en exergue l'effroi qui saisit les gens à l'idée de perdre leurs souvenirs, souvent plus atroce que le fait des les avoir perdus comme cela est bien démontré dans le livre.
L'autrice emprunte des éléments à La Route de McCarthy lorsque Max rejoint un groupe de sans-ombres bien décidés à se rendre en Nouvelle-Orléans où la rumeur prétend qu'un homme a le pouvoir de guérir les sans-ombres. En chemin, cette petite troupe doit affronter des bandes anti-sans-ombres ou des adorateurs obscurs, organisées de façon militaire et sans pitié.
C'est la partie du livre que j'ai préférée : la façon dont les sans-ombres se soutiennent, partagent un quotidien compliqué entre les différents stades de la perte de mémoire. J'ai trouvé beaucoup d'humanité dans ce groupe voué à oublier. La plume de l'autrice se faisait également très poétique.

L'histoire d'amour est aussi très belle. Max enregistre ses souvenirs sur un vieux magnétophone, elle parle à son époux comme s'il était là, se livre sur son angoisse à l'idée de perdre la mémoire et tout ce qui forme son identité. A travers elle, nous suivons le quotidien du groupe de sans-ombres et les métamorphoses que la maladie induit sur les individus.

Enfin, j'ai été surprise car l'autrice a mélangé les genres dans son roman.
Des éléments du merveilleux font irruption par moment que ce soit à travers la mythologie indienne, la présence de la magie avec des pouvoirs qui s'éveillent chez les sans-ombre et déforment la réalité pour l'adapter à leurs souvenirs ou encore les références au dessin-animé Peter Pan et la séquence où il poursuit son ombre qui refuse de se rattacher à lui.
Le récit prend en effet souvent les tournures d'un conte et n'est pas exempt de réflexions philosophique sur le questionnement de notre identité.

Dans l'ensemble, l'autrice a une très belle écriture. La narration est fluide mais non exempte de longueurs par moment sans que cela ne m'ait réellement dérangée.
Une très belle découverte et un excellent conseil de lecture que m'avait proposé Zoeprendlaplume.
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