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Critique de sandrine57


‘'Vous êtes une femme ? ‘'
La question du bénévole reste en suspens. Derrière, les gens dans la longue file s'impatientent. Alors la réponse tombe : ‘'Une femme''. Elle vient du Bénin, elle s'appelle Nour Rassool, elle voyage seule, elle a seize ans. C'est sa transidendité qui l'a jetée sur les routes, dans le désert, jusqu'à ce camp de réfugiés du sud de la Tunisie. Nour rêve de l'Europe, d'un endroit où elle pourra être elle-même sans risquer les coups et la mort. Mais la terre promise est difficile à atteindre. Dans le camp des femmes, il faut se méfier de tout et de tout le monde. Surtout ne pas se trahir, ne pas laisser deviner que son corps est celui d'un homme. Nour le sait, la haine est partout, la violence aussi. Malgré ses efforts, elle attire les regards. On se méfie d'elle, on dit qu'elle porte le mauvais oeil. On la sent différente, elle dérange. Alors Nour se fait discrète, invisible mais reste prête aux pires extrémités pour obtenir son passage vers Lampedusa. Dans un monde où l'humanité a cédé la place à la violence, la sauvagerie, la tyrannie, Nour tente de protéger son secret, de rester en vie et de gagner sa liberté.

Âmes sensibles, passez votre chemin ! Dans une langue percutante et hyper réaliste, Malik Sam raconte la tragédie des migrants. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, jetés sur les routes de l'exil par les révolutions, les coups d'Etat, les guerres, les dictatures, la misère. Ou par la haine, comme Nour qui a fui une mère alcoolique et maltraitante et un pays qui condamne les homosexuels et les transgenres.
C'est une vérité crue qu'il nous jette à la figure. le visage de la violence et de la corruption. La nature immorale des passeurs tout puissants qui profitent de la détresse de ces pauvres hères. Les hommes sont du bétail. Les femmes sont des proies faciles. On menace, on séquestre, on viole, on assassine. On envoie à la mort des dizaines, des centaines de personnes, sur des bateaux de fortune qui prennent l'eau de toutes parts.
Les bénévoles de Médecins sans Frontières et le Haut-Commissariat aux réfugiés sont bien peu de chose faces à des gouvernements, des policiers, des garde-côtes corrompus, des passeurs drogués jusqu'à l'os et armés jusqu'au dents, un système qui ne reconnaît aucune loi, un monde où l'argent est roi.
Un roman dur et cruel, bouleversant de vérité qui raconte la souffrance, la déshumanisation des migrants mais aussi le difficile parcours de ceux dont la différence les condamne à une mort certaine.
Une claque, ou plutôt un coup de poing.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Eyrolles pour cette masse critique privilégiée.
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