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Critique de JIEMDE


James Crumley, c'est le type même du bon copain à qui tu pardonnes tout ! Une entrée en matière un peu poussive ? Une intrigue un peu convenue ? Pas grave. Oublie !

Prends quelques shots de schnaps, fais les passer avec 2-3 bières ou whiskeys, sniffe ton rail et embarque avec Crum' direction Meriwether, dans le Montana, pour découvrir La danse de l'ours dans une nouvelle traduction de Jacques Mailhos.

Là tu y retrouveras Milodragovitch - Milo pour les intimes et pour ces dames (pléonasme facile) - rangé de son officine privée depuis Fausse piste, et toujours dans l'attente de son héritage paternel qui ne se débloquera que pour ses 52 ans. Mais même devenu vigile pour tuer le temps, Milo est vite rattrapé par l'action quand une ancienne maîtresse de son père lui offre un pont d'or pour enquêter sur un couple étrange.

Entre bitures et deals de coke, l'enquête va vite s'avérer un poil - d'ours – plus complexe que prévu, les filatures à l'ancienne laissant rapidement place aux fusillades à l'automatique, explosions à la grenade à main et incendies de maisons, sur fond de corruption environnementale… le tout heureusement entrecoupé de quelques opportuns coups de reins, parenthèses romantiques et salvatrices pour Milo dont la réputation de bourreau des coeurs n'est plus à faire.

« Je suis tombé dans cette merde par accident, et j'ai fait ce que j'ai pu pour sauver mon cul » résume Milo. Une histoire classique et subie donc, mais parfaitement maîtrisée et rythmée.

Mais dans La danse de l'ours, l'essentiel est ailleurs !

Dans l'évolution du personnage de Milo, qui vieillit, mûrit, se questionne et réfléchit – parfois – davantage, laissant entrevoir ses faiblesses, désillusions, désirs d'autre chose : quand certains ont la tentation de Venise, Milo a celle de la virée en aller simple vers le Sud, le grand Sud, loin de tout… Pour échapper à un monde qu'il ne comprend plus, qu'il ne cautionne plus, qui lui ressemble de moins en moins. « Ce n'est pas nous qui avons fait ce monde, Milo. Nous on doit juste y vivre ». Se résigner, pas le genre du Milo…

Et puis il y a le Montana, dont « nul véritable fils (…) ne peut nier éprouver en son coeur un profond attachement pour cette catin majestueuse ». Les montagnes, la neige, le blizzard, le froid, les rivières, les forêts, les indiens, les réserves, les rades cradingues, les bars d'hôtels huppés, les pick-ups pourris… À l'instar d'un Craig Johnson pour le Wyoming, James Crumley convoque tous les marqueurs du Montana, créant dès le début de la danse de l'ours, une atmosphère incomparable qui invite son lecteur à se lover au chaud dans son fauteuil préféré, puis à se laisser glisser dans une lecture béate, sereine et au final, enthousiaste.

Un dernier mot pour souligner le nombre d'aphorismes savoureux distillés par James Crumley et habilement traduits par Jacques Mailhos. En v'là un p'tit dernier pour la route : « La vie moderne est une guerre sans fin : ne prends pas de prisonniers, ne laisse aucun blessé et mange les morts – c'est bon pour l'environnement ».
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