AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sylviedoc


Un premier roman d'une très jeune auteure, car même s'il vient d'être publié, Célia Samba en a entrepris l'écriture en 2013, lorsque, lycéenne, elle rencontre un SDF coiffé d'un bonnet Pikachu à qui elle offrira une crêpe. C'est lui qui inspirera le personnage de Tristan, jeune sans-abri de 21 ans. L'autre personnage central du récit, c'est Noémia, ou "Mia" comme la surnomment ses proches. Selon une interview ( https://www.carnetsdeweekends.fr/la-rue-qui-nous-separe-de-celia-samba/), Célia Samba ressemblerait beaucoup à Noémia ! Comme son héroïne, elle est étudiante (mais en médecine), et comme Noémia elle a à coeur de ne pas ignorer ceux qui vivent dans la rue et d'avoir des échanges avec eux. En 2018, elle décide de participer au concours d'écriture 'Nos Futurs" dont le thème est "l'engagement" (à ne pas confondre avec "No future", n'est-ce pas les keupons !), et pour l'occasion reprend son texte, le remanie, l'enrichit et le déplace de quelques années afin de le faire correspondre à la réalité du moment. Elle gagnera le concours, et Hachette publie son roman en y associant "La Cloche", un organisme qui vient en aide aux sans-abri. Pour chaque roman vendu, un euro est reversé à l'association, ça vaut le coup d'être souligné.
L'histoire est assez simple : Mia à 19 ans, elle vit en banlieue parisienne dans un appartement bourgeois avec son cousin Valentin et la soeur de celui-ci, Joanna, un trio très fusionnel depuis l'enfance. Pas de soucis d'argent, les parents veillent au grain. C'est l'hiver, il fait froid, et le jour où Mia remarque ce jeune SDF (il a 21 ans), recroquevillé devant un supermarché (dont le nom est répété trop souvent à mon goût !), elle est profondément touchée par sa triste situation. Mais il lui faudra quand même pas mal de temps pour se décider à l'aborder en lui offrant...une crêpe ! La relation va se développer, Mia va découvrir avec surprise qu'on peut avoir fait des études, être cultivé, et se retrouver quand même à la rue. Elle prend conscience de sa propre existence privilégiée (même si elle cache également un traumatisme), et cherche par tous les moyens, parfois maladroits, à aider Tristan. Vous vous en doutez, ces deux-là ne tardent pas à s'attacher l'un à l'autre, mais pas facile de vivre une histoire d'amour quand l'une a honte d'afficher qu'elle fréquente un SDF, et quand l'autre se débat avec son passé familial tragique et ses culpabilités.

Ce roman comporte de nombreux aspects positifs, dont son étonnante maturité, comparé à d'autres "premiers romans" lus récemment. La narration est agréable, elle alterne entre Noémia et Tristan, à la 3ème personne du singulier, ce qui permet de bien percevoir le contraste entre le quotidien de chacun au même moment. La vie dans la rue n'est manifestement pas celle de l'auteure, mais on ressent son empathie, et elle s'est sérieusement documentée, le récit est plausible. Les personnages secondaires sont intéressants, même si le cousin Valentin je l'ai cerné un peu trop vite, sous ses airs prétentieux de Bogoss de service. La cousine Joanna aurait mérité un peu plus de développements, tout comme Nora l'ancienne petite amie de Tristan ou Lila la jeune prostituée. Mais on me souffle qu'un autre roman est sur le point d'être terminé, où elles devraient réapparaître.
De nombreux thèmes abordés, souvent liés à la précarité : alcoolisme, drogue, prostitution, foyers...mais l'histoire n'est pas plombante, la plupart du temps on entrevoit des lueurs d'espoir, sauf...
Surprise à la fin, mais je ne dirai rien ! A mon avis ce livre peut être proposé à partir de 14-15 ans mais en tant qu'adulte je ne me suis pas ennuyée, même si je n'ai rien appris. Ce peut être une bonne occasion de sensibiliser les jeunes à la précarité, et à la solidarité avec ceux qui sont moins gâtés qu'eux, voir un peu plus loin que la dernière console de jeu ou le prochain smartphone. Ma note peut paraître un peu basse, ce n'est pas du à la qualité de l'ouvrage, mais plutôt au fait que ce n'est pas vraiment mon style de lecture favori, je préfère les récits plus engagés, plus proches de témoignages sur ces thèmes-là.
Merci une fois de plus à Babelio, ainsi qu'à l'éditeur Hachette romans de m'avoir offert l'occasion de découvrir cette jeune auteure très prometteuse.
Commenter  J’apprécie          5222



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}