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Critique de jcfvc


Une jeune paysanne traverse la période de la terreur avec sagese et dignité. Ce roman, écrit juste après la commune de Paris, est une sorte de testament politique, une condamnation sans appel de la terreur et de la violence révolutionnaire en général. Les principes d'égalité, de liberté de de fraternité de la déclaration des droits de l'homme sont réaffirmés. L'ancien despotisme de l'aristocratie et de l'église sont bien sûr rejetés fermement. La terreur précédente a engendré la haine envers les nobles et les prêtres, mais ne peut en aucune façon être un levier pour construire une sociét plus juste. Bien au contraire, elle ne peut que se retourner contre les principes même ayant inspiré la révolte des opprimés et contre ceux-la mêmes qui utilisent la haine du peuple pour éliminer les anciens oppresseurs. Etrangement, le livre fait rétrospectivement écho à des interrogations plus modernes, voire contemporaines après les échecs du communisme. On ne peut s'empêcher de penser à l'homme révolté, dans lequel Camus oppose la révolte, légitime et humaniste, et la révolution, qui trahit trop souvent ses généreuses origines et dérive vers des tyrannies plus terribles encore que celles qu'elle a renversées. Les passages donnés en citations illustrent très bien comment les révolutionnaires romantiques deviennent des tyrans en voulant conserver à tout prix le pouvoir, en confiant les basses besognes à des cohortes de bourreaux, préoccupés plus d'éliminer leurs adversaires et ennemis personnels ou simples concurents et rivaux, sous le prétexte de lutter contre les ennemis du peuple. Les leaders qui parviennent à se maintenir au pouvoir en se débarassant successivement de leurs "amis" politiques" ne sont d'ailleurs jamais des romantiques. Je trouve que le roman est d'une actualité brûlante, au moment ou la haine des riches et des patrons, le ressentiment contre les polliticiens, censés être "tous pourris", tous complices d'un grand complot contre les humbles, semblent consituer le seul programme d'une masse déboussolée ayant perdu toute confiance en nos institutions démocratiques. Certains partis (à droite comme à gauche, pas seulement à l'extrême droite ou à l'extrême gauche d'ailleurs) surfent allègrement sur cette vague de poujadisme franchouillard et propose, à défaut de solutions, de couper à nouveau les têtes pour appaiser la colère du peuple, symboliquement d'abord, juridiquement aussi, avant de les couper "pour de vrai". Décidément, aujourd'hui comme hier, l'enfer totalitaire et souvent pavé de bonnes intentions progressistes. Les passages donnés en citation devraient convaincre aisément ceux qui les liront de l'actualité et de la pertinence des propos tenus par les protagonistes des dialogues.
Le roman contient également de très beaux passages descriptifs sur une région que je connais bien pour l'avoir sillonnée de long en large dans mon enfance et mon adolescence et dont je parle dans mon roman, le Prince des parquets salons. Cela fait toujours plaisir de voir des paysages banals, connus des seuls autochtones, embellis sous la plume d'un écrivain célèbre. Cela leur donne une "légitimité", une existence même dans le coeur de ceux qui les chérissent mais n'osaient, sans cette caution littéraire, les élever au rang de sites dignes d'intérêts. Il s'agit en l'occurence d'une région comprise entre la Creuse, l'Allier et le Berry, où sont situés d'autres romans de Sand, et notamment le meilleur de ses roamns champêtres à mon avis : Les maîtres sonneurs. ans Nanon, il est beaucoup question du village de Crevant, où l'on trouve des pierres granitiiques disposés comme des dolmens, sorte de refuge celtique et druidique pour Nanon et ses compagnons qui fuient les violences et les persécutions. Je recommande la lecture des passages donnés en citations, qui donnent une bonne idée du lyrisme de Sand lorsqu'il s'agit de parler de cette région.
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