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Critique de Laureneb


Plus je lis des oeuvres de G. Sand, plus elle m'étonne voire m'émerveille. Si certains romans "champêtres" peuvent sembler un peu naïfs - voire fleur bleue - avec des personnages lumineux plein de bons sentiments, d'autres présentent des portraits de femmes fortes, revendiquant une vie indépendante, certaines vivant de leur art - actrice, poétesse, peintre... Et d'autres sont complétement sombres, noirs, sans fin heureuse.
Ici, ce qui m'a frappé, c'est la finesse et la précision de l'analyse psychologique - voire psychanalytique : si les pères sont à peine évoqués, les deux héroïnes ont chacune une relation complexe avec leur mère - qui annonce S. Zweig.
Ce roman baigne dans une atmosphère très sombre mais où perce un peu de lumière, comme une pièce plongée dans le noir de rideaux épais mais où filtrent des rayons de soleil. L'obscurité, c'est la tenue de deuil de Pauline, deuil de son père, de sa jeunesse, de ses espoirs et de ses désirs, elle qui vit une vie de recluse, dévouée à sa mère qu'elle haït. C'est la noirceur de son coeur qui se flétrit à attendre. Et lorsque Laurence arrive, c'est elle qui ouvre les rideaux, montrant qu'une autre vie est possible, une vie de rires, de joie et d'éblouissement. L'éblouissement de la gloire, elle qui est une grande actrice. Elle vit de son art présentée comme une ascèse, un travail tout entier. Et là, on sent que G. Sand cherche à rétablir la dignité d'une profession longtemps assimilée à la prostitution : Laurence n'est pas une petite actrice, c'est une tragédienne classique, qui répète ses rôles, vit dans une sagesse monacale entre sa mère et ses petites soeurs...
Mais Pauline était un papillon de nuit, trop s'approcher de la lumière va la brûler... le roman au rythme très lent s'accélère rapidement dans les dernières pages, on même assiste - presque - à un duel avec le personnage chevaleresque du vieil acteur. Et la tonalité s'obscurcit encore jusqu'à une fin très noire. Si les hommes sont cruels, les femmes peuvent l'être aussi entre elles, et le caractère exceptionnel de Laurence ressort d'autant plus.
Une très belle analyse des mouvements du coeur.
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