Nuits d'enfer

Anna est reporter indépendante ; elle patrouille dans les rues de Los Angeles, surtout la nuit, avec ses collègues dans un camion aménagé artisanalement, à la recherche d'évènements clés qui leurs permettent d'arriver les premiers sur les lieux d'un drame pour s'assurer d'un scoop exclusif.

Ce soir-là, Anna et son équipe sont sur une opération de libération d'animaux de laboratoire. le « tuyau » leur a été fourni par l'intermédiaire de l'un de ses collaborateurs occasionnels, Jason, étudiant de son état. Celui-ci les accompagne assez régulièrement en tant que cameraman et Anna l'apprécie car il est plutôt bon dans cette spécialité.

Pour ce reportage, ils sont limite dans le timing et arrivent alors que « sauvetage » est déjà en cours. Mais ils parviennent néanmoins à filmer au « fil de l'eau », un leader militant libérant un cochon, des activistes avec des souris et un jeune laborantin effondré de s'être fait braqué et molesté. Bref, pas le filon du siècle, mais de quoi vendre des images à quelques chaînes locales.

Sur un rythme soutenu, ils enchainent en catastrophe, après avoir bâclé la fin du reportage sur le labo, sur un suicide en direct qui leur assure le « scoop » du soir qui doit leur rapporter la « timbale ».

Ça c'est pour la mise en bouche. Ça pose le contexte et le cadre. C'est plutôt pas mal écrit et bien décrit, imagé suffisamment pour qu'on le visionne à la manière d'un scénario.

D'ailleurs, la lecture de ce début en style journalistique, caméra à l'épaule, m'a fait penser à « Blow Up » d'Antonioni ou encore « Blow out » de Brian de Palma. Ça n'est pourtant pas tout à fait la même chose, puisqu'il s'agit dans les films de preneurs de sons ; mais tout de même ça m'a vaguement renvoyé à cette ambiance.

Après, on rentre dans le vif du sujet, car, voilà que Jason est découvert assassiné sur une plage près de chez lui à la suite de cette fameuse nuit. Y-a-t-il un rapport avec leur précédents reportages ? Anna est en droit de se poser clairement la question. Mais, ces affaires de meurtres sont monnaies courantes dans la Cité des Anges et la police est débordée. Ils ne peuvent y consacrer suffisamment d'effectifs, voire pas du tout puisque chaque soir apporte son lot de crimes, de violence et de sang.

Mais, quand Creek, un des membres de son équipe encore, est victime d'une tentative de meurtre et fini à l'hôpital, ça devient vraiment inquiétant. Mais la police rame toujours… et pas l'ombre d'un indice.

Tout l'entourage d'Anna semble visé ; tout indique qu'elle sera la cible finale. Mais elle n'y croit pas vraiment…. Ce qui l'amène à l'imprudence, évidemment !

Heureusement, elle va se voir finalement aidée dans ses recherches, par un ancien policier, accessoirement père du suicidé.

S'ensuit une enquête au cordeau, qui nous mène de suppositions en fausses pistes. Vers le mitant du livre, ça piétinait fort et on tournait un peu en rond. Sans doute pour nous faire bien ressentir l'impuissance de la police et le « sur-place » des investigations personnelles d'Anna. C'est très réussi ! Et quand on se dit qu'on va quand même finir par s'ennuyer, hop ! Ça repart !

Par contre, les liens qui se tisse rapidement entre les deux personnages principaux, entre autres n'apportent rien de particulier, ni à l'histoire, ni à la psychologie des protagonistes. Bref, du superflu pour moi, de la broderie.

Quand, enfin vers la fin, l'enquête s'accélère, les évènements se précipitent, on tourne les pages, vite, vite, plus vite… on est sur le terrain, le style devient nerveux, ça bouge, qu'est-ce que c'est bien !!

Pour ce qui est de la fin, je ne l'ai pas vu « venir », mais j'ai trouvé que c'était un peu en-deçà des promesses de l'enquête.

Ça reste néanmoins un bon petit polar de facture « classique » à l'américaine, sans trop de complications pour le final. C'est efficace, rigoureux, tous les codes du roman policier y sont respectés, on ne se perd pas en circonvolutions abracadabrantesques, ça repose. Je le conseille pour un weekend détente.