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Critique de Roadreader


L'éditeur les arènes entretient une ligne éditoriale exigeante en matière de style et de sujets à aborder. Les oeuvres parus au sein de la collection equinox mélangent polars et roman noirs avec toujours cette volonté de pousser à la réflexion sur des sujets de société alarmants. le deuxième roman de Thomas Sands ne déroge pas à la règle et pousse encore plus loin la noirceur et le désespoir.

L'auteur s'empare du genre post-apocalyptique pour nous conter un récit d'une noirceur absolue. N'espérez pas apercevoir la moindre lueur d'espoir dans ce récit sans concessions. L'auteur fait le bilan d'une société à bout de souffle, d'un modèle occidental qui s'est effondré pour laisser la part belle à la sauvagerie et la violence qui se tapissent dans le coeur des hommes. Seuls les chapitres où Timothé, le frère fugitif, occupe les paragraphes sont écrits dans un mélange de poésie naturaliste mélancolique. Une respiration bienvenue dans un récit si oppressant par ailleurs.

Les chapitres où l'on suit Marie-Jean sont très intimiste. La narration désabusée nous fait plonger dans la psyché d'un personnage en bout de course, qui n'attend plus rien du monde. Son monologue intérieur résonne comme une plainte lancinante de désespoir. C'est par son point de vue que l'auteur nous livre les détails de la chute du monde occidental et des conséquences que doivent endurer les survivants. Cela fait de lui le personnage auquel on peut le mieux s'identifier et le plus incarné du récit mais c'est également un personnage écrit à rebours, un peu comme son nom. Il part en quête alors qu'il n'a plus rien à espérer et cesse de se battre alors qu'il a enfin trouvé une raison de survivre. . En bon narrateur, Marie-Jean délivre de manière succincte les éléments qui ont fait de lui cet errant nihiliste jusqu'au final où le barrage mental de ses secrets s'effrite dans une déferlante sanglante.

Enfin il reste le troisième personnage de ce conte macabre. Une femme, Anna, il faudra attendre la page 56 pour qu'elle prononce son nom pour la première fois. L'auteur a choisi d'en faire volontairement un personnage désincarné. Un fantôme qui ne retrouvera la vie qu'au contact de Marie-Jean. Ces chapitres seront l'occasion de voir une autre facette de l'apocalypse. Ils sont écrits avec une plume plus organique, c'est la danse des corps qui se touchent, qui se pénètrent dans des étreintes sans joie comme si seul le sexe prouvait encore la vie. À mesure que son destin va se mélanger à celui de Marie-Jean, Anne s'incarnera un peu plus chapitres après chapitres, contaminée par le désespoir de son compagnon et par sa sombre quête. le robot de chair des premiers chapitres acquiert pages après pages une âme et un coeur qui bat pour son plus grand malheur.

Par petites touches l'auteur met en avant tout ce qui pourrait mener notre société civilisée à sa perte. Des sujets certes inquiétants et qui méritent que l'on se batte pour changer de mode de vie mais qui, accoler les uns aux autres au fil du récit, s'annulent un peu et prennent un tour caricatural. Comme si l'auteur s'était efforcé de cocher toutes les cases des thèmes qui pourraient mener à l'apocalypse alors que le désastre géothermique cité en fin d'ouvrage était déjà bien suffisamment angoissant pour décrire son apocalypse.

En définitive ce roman noir et macabre, parcouru de sanglantes touches gores, m'aura bien plus convaincu par sa plume désespérément belle que par sa réflexion sur notre mode de vie occidental trop survolée et diffuse pour être pertinente.
Lien : https://culturevsnews.com/
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