Plombée et plombant... Voici les deux mots qui me viennent à l'esprit pour décrire mon état suite à la lecture de ce roman.
Dans ce monde, sans doute pas si éloigné du notre, tout est noir. C'est l'Apocalypse avec un A majuscule. Les ressources sont épuisées, une grande fièvre décime la population, les Hordes et les Milices s'affrontent violemment et les chasubles oranges (gilets jaunes ?) font la loi.
Dans ce décor désespéré, nous suivons trois personnages : Jean-Marie qui fuit, son frère Timothée, qui fuit aussi, et Anna qui fuit également. Que reste-il d'autre à faire ? Sauf que les fuyards, les "Nomades", sont sévèrement punis et se font casser la gueule.
Tous à leur manière tentent d'échapper à la situation actuelle ainsi qu'à certains éléments de leur vie : décès, sentiment d'abandon, autodestruction... Les personnages sont cabossés et de nombreux retours en arrière, savamment imbriqués dans le temps présent, nous aident à comprendre leur psychologie tortueuse.
On roule avec Anna et Jean-Marie, partis à la recherche de Timothée, dans une bagnole volée avec la panne d'essence qui guette. Jean-Marie souhaite retrouver son frère absent, avec de mauvaises intentions et beaucoup de ressentiment.
L'écriture de
Thomas Sands est incroyable, très évocatrice et poétique, ce qui apporte un peu de lumière à l'obscurité. En 300 pages, l'auteur arrive à nous restituer un monde. Mais c'est loin d'être un coup de coeur. J'aurais aimé plus de corps, plus de liant entre les personnages. J'aurais voulu avoir plus de précisions sur cet univers impitoyable. Comment en sommes-nous arriver là ? Et enfin, je veux bien que ce soit un roman noir, et je suis amatrice du genre, mais quand même. Une telle noirceur m'a paru parfois gratuite, voire grand-guignolesque et m'a presque fait l'effet d'un pastiche, alors que l'auteur semble plutôt au premier degré.
Bref. Je vous invite à le lire malgré mes réserves, notamment par rapport au contexte actuel mondial et parce que la plume de l'auteur est superbe. Peut-être accrocherez-vous à ce roman noir post-apocalyptique, qui a reçu de belles critiques par ailleurs ?