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Critique de Sachenka


Avant de mourir, la mère du narrateur Yazid Kadri a prononcé ces paroles: « Va, retourne à la rue Darwin. » Cette directive, ou plutôt ce souhait, il y obéira. Il laissera Paris et la France pour revenir sur les lieux de son enfance. Alger. Rue Darwin. Eh oui, cette artère qui a donné son titre au roman ! Cette prémisse, c'est un prétexte pour Boualem Sansal pour inventer une famille originale et aborder (de façon superficielle) l'histoire de l'Algérie. Et peut-être, par la bande, évoquer avec nostalgie quelques uns de ses propres souvenirs…

Je m'attendais à l'évocation d'un récit d'enfance, dont le point central aurait été cette rue Darwin, là où tous les enfants circulaient, dérobaient des fruits au marchants, jouaient à des jeux, braillaient, regarder les petites filles par des fentes secrètes, etc. Mais non. C'est-à-dire, il y a un peu de cela mais très peu. Cette rue Darwin, il ne s'y passe passe grand chose, c'est essentiellement là où se trouvait la maison de Lalla Sadia, la ‘'grand-mère'' du narrateur. Les souvenirs du narrateur se rapportent donc surtout à cette maison et à sa famille. L'aïeule, c'est une matriarche toute puissante, riche comme Crésus, qui tient d'une main de fer sa famille. Elle aura su naviguer habilement à travers les bouleversement du XXe siècle : colonisation, décolonisation, guerre d'Algérie, république, etc. Parfois, ces événements toucheront de façon plus personnelle la tribu de Yazid, dans tous les cas, ils marqueront le garçon qui essaiera de chercher l'amour maternel et de démêler sa généalogie compliquée, jusqu'au secret entourant sa naissance.

Ainsi, Rue Darwin est un roman ambitieux et c'est tout à l'honneur de Boualem Sansal. Malheureusement, j'arrivais difficilement à concilier les bouleversements de la société algérienne avec les aléas de Yazid, qui menait une existence somme toute plutôt extraordinaire. Je n'arrivais pas à m'identifier à lui. Pareillement pour les autres membres de son clan (même s'ils étaient colorés et intéressants). Leurs aventures étaient assez différentes de celles de la majorité d'Algériens, telle que je me l'imagine. Les Kadri me faisaient penser davantage à un clan à la Don Corléone ou quelconque famille de mafieux italiens…

Je l'admets, c'est un peu réducteur mais je n'y peux rien, cette idée a teinté toute ma lecture du roman. Ceci dit, d'autres éléments m'ont plu. J'ai trouvé assez réaliste et moderne l'idée de cette fratrie (Yazid a deux frères et deux soeurs, si je ne me trompe pas) disséminée à travers le monde mais qui n'hésite pas à tout laisser de côté pour se réunir à Paris au chevet de la mère mourante. Aussi, le retour du protagoniste au pays natal est une occasion pour l'auteur de parler d'identité ou la quête des origines. C'est un thème universel auquel il est difficile de ne pas sentir interpelé. Pareillement pour ce qui est de ressasser de vieux souvenirs. Ça marche à presque tous les coups. Donc, je n'ai pas détesté Rue Darwin. Disons que je m'attendais à autre chose, surtout après avoir et adoré plusieurs autres romans de Boualem Sansal.
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