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Critique de PierreF


Ce roman aurait pu être un vrai casse gueule, un hymne à la petite délinquance, avec le risque de faire de Ilyès un héros. C'est un sujet très sensible, traité à la façon d'un équilibriste sur un fil distendu. Ce roman aurait pu être un total échec, un roman apportant un scandale de plus. Et finalement, c'est une totale réussite. Et le meilleur moyen de vous faire lire ce livre, c'est de vous conseiller d'aller dans une librairie, d'ouvrir ce livre, de lire la préface écrite par Oxmo Puccino (que je ne connais pas) qui parle de Rachid Santaki et de sa volonté d'aider et d'occuper les jeunes, de lire aussi l'Avant propos écrit par Rachid Santaki lui-même qui parle du contexte et de son choix d'auteur. Après cela, vous achèterez le livre.
J'ai suivi le parcours de Ilyès, avec la peur au ventre. Avec la quatrième de couverture, j'étais inquiet du sujet, et surtout de son traitement. Il aurait été facile et dangereux de faire un mode d'emploi du parfait petit voleur, de donner vie à un personnage auquel on se serait identifié. Grâce aux choix littéraires et au style de Rachid Santaki, les pièges ont été évités et le roman en devient passionnant, par le fait qu'il ne prend pas position, qu'il ne juge personne, qu'il ne justifie pas les actes mais se contente de placer quelques traits qui sonnent justes.
Les passages écrits à la première personne sont tout bonnement impressionnants, on a l'impression d'avoir Ilyès en face de nous, en train de nous conter son parcours, nous expliquant qu'il est conscient que ce qu'il fait est mal, mais que d'un autre coté, cela permet à ses parents de retourner au bled chaque été. Toujours, Ilyès oscille sur cette balance avec une lucidité et est prêt à assumer ses actes. Tout est une question de risques. Et dire qu'il a commencé comme ça pour passer le temps, presque s'amuser.
Le roman regorge de personnages, tellement vrais, esquissés par de simples phrases, dont les frères, cousins, parents, flics pourris (ce sont les passages que j'ai le moins aimé). Tous parlent leur langage, entre le verlan et l'arabe, et cela aide à nous plonger dans ce monde, si proche de nous mais si lointain aussi. On y sent le décalage entre les parents qui travaillent et ces jeunes attirés par tant de facilité, par l'accès au luxe qu'ils n'auraient aucune chance de connaître autrement. Je ne cautionne en aucun cas ni ces actes, ni ces choix de vie, mais j'ai eu l'impression de comprendre un peu mieux, même si Ilyès n'est probablement qu'un cas. Pour finir, je citerai le dernier paragraphe de Oxmo :
Malgré tout ce que l'on peut voir et entendre des grands médias, j'ai la chance de rencontrer des personnes animées par un vrai désir politique et d'autres sont sur le terrain, porteurs d'espoir. Donc, je deviens optimiste et … oui, je suis convaincu que tout ira mieux lorsque tous donneront à bon escient ce qu'ils ont de plus cher : un peu de leur temps.
Ce livre est à lire, pour mieux comprendre, pour mieux aider, pour être plus tolérant, pour être positif, pour être moteur. D'aucun verront dans ce livre des exemples, des situations dont ils se doutent ou qu'ils imaginent au travers du miroir déformé des médias. On va en parler de ce livre, parce qu'il parle vrai, parce que le ton est réaliste et qu'il vaut mieux le lire que se boucher les yeux.
Lien : http://black-novel.over-blog..
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