Kintsugi : L'art de la résilience

L'art du kintsugi nous invite au lâcher-prise. A accepter l'impermanence des choses. A nous ouvrir à l'inattendu, à l'imperfection, aux synchronicités, au hasard... Il s'agit d'atteindre ce que la philosophie japonaise appelle le "mushin", la pensée sans pensée, qui appelle au détachement. Le kintsugi est une belle métaphore de l'existence : la roue tourne, la vie est imprévisible !

Le kintsugi s’inscrit dans la pensée japonaise du wabi sabi (wabi : humilité face aux phénomènes naturels ; sabi : ce que l’on ressent face au travail du temps ou des hommes) invitant à reconnaître la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques.
En acceptant de s’ouvrir au wabi sabi, on va à contre-courant des modèles standardisés et artificiels modernes. Le wabi sabi invite au contraire à la contemplation et au détachement par rapport à la perfection. Il souligne le caractère irréversible du temps qui passe et l’aspect éphémère de toute chose, et appelle à apprécier l’humble beauté des choses simples, patinées par les années et les épreuves.

Toutes les études de la psychologie positive convergent : en prenant conscience de notre chance au quotidien, nous augmentons automatiquement notre niveau de bonheur.

C’est en remettant à plus tard que l’on se dilue et se perd de vue : chaque occasion manquée vous éloignant de votre but, vous éloignant de vous.

Ma grange ayant complétement brûlé
Je peux maintenant
Voir la lune

(haïku de Mizuta Masahide)

Le kintsugi est une très elle métaphore pour soutenir le processus de guérison de la dépression. De même que le kintsugi a sublimé l'objet cassé en mettant en valeur ses cicatrices, le malade dépressif peut accepter ses failles comme faisant partie de lui-même. Il a souffert, mais ces souffrances l'ont amené à se dépasser pour rencontrer son véritable soi. Après être passé par l'épreuve de la dépression, il est plus fort. La souffrance fait désormais partie de son histoire. Le kintsugi lui apprend à relever la tête pour assumer ce passé douloureux qui l'a rendu unique.

Le kintsugi est une véritable école de la patience et de la lenteur. Spontanément, on a envie de passer tout de suite à l’étape-clé, celle où l’on recouvre de poudre d’or les cicatrices laquées, pour voir enfin émerger l’objet dans toute sa splendeur. Mais l’art du kintsugi est là pour nous rappeler que ce n’est pas la destination qui compte, mais bien le chemin.